Comment ? Qu'est-ce que j'entends ? Non, non, ce n'est pas un reste d'acouphènes du dernier concert. La nouvelle est sortie ce lundi de la bouche du premier ministre : à partir de la rentrée 2019, les droits d’inscriptions des nouveaux étudiants non-européens vont faire un bond. A l'Université de Lille, un peu moins de 6 500 étudiants seraient concernés par cette réforme. On vous explique le pourquoi du comment.
Commençons déjà par remettre un peu de contexte : cette annonce n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe mais parce que se tenait lundi dernier les Rencontres universitaires de la francophonie. Edouard Philippe, le premier ministre, y était pour dévoiler "Choose France", sa "stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux", rapporte le journal Le Monde.
Et c'est dans cette optique de faire de la France un pays plus attrayant pour les jeunes étudiants internationaux... qu'il a annoncé que leurs frais d'inscriptions pour entrer à la fac ne seraient plus les mêmes. Du moins pour ceux qui étaient extracommunautaires ( traduction : ceux qui viennent d'un pays hors de l'UE ou qui n'a pas d'accord de partenariat avec un établissement français).
La logique du payer plus pour accueillir mieux
On vous promet qu'il y a une logique là dedans. En tout cas celle du gouvernement est la suivante : les étudiants ne doivent plus venir chez nous étudier juste parce que c'est abordable, mais parce qu'ils le veulent vraiment, par choix et donc pour la formation et non le prix.
Deux autres arguments sont mis en avant par le Premier ministre : il faut des fonds pour mieux accueillir ces étudiants étrangers (il faut bien les trouver quelque part) et il n'est pas "juste" que des étudiants français payent autant leur inscription à la fac que les autres.
La douloureuse
Toujours selon le journal Le Monde, voilà à quoi pourrait ressembler la nouvelle grille des prix des inscriptions pour l'univ' à partir de 2019 :
Etudiant français
ou européen
Etudiant
extracommunautaireLicence170€2770€Master243€3770€Doctorat380€3770€
On en pense quoi à l'Université de Lille ?
Tribunes, vidéo, témoignages... Depuis lundi, de nombreux médias nationaux se font le relais de ces étudiants étrangers qui étudient en France tandis que des pétitions en ligne contre cette réforme ont été lancées.
Sur le campus lillois, on est tout aussi inquiet puisque ce sont "un peu moins de 6500 étudiants seraient concernés", explique François-Olivier Seys, vice-président de l'Université en charge des relations internationales.
"On sait que 10% des étudiants Lillois sont de nationalité étrangère mais on ne peut pas encore savoir combien exactement seront visés par cette réforme", poursuit-il. Si, à l'Université de Lille, on concède qu'il faut améliorer l'accueil des étudiants étrangers comme argue le gouvernement, on espère que la réforme laissera une marge de manœuvre aux universités pour les étudiants étrangers "brillants" mais sans soutien financier.
"J'ai reçu de nombreux messages inquiets d'étudiants qui ne savent pas s'ils pourront se payer les frais d'inscriptions de l'année prochaine, ajoute François-Olivier Seys. Pour l'instant, on attend d'en savoir plus après une réunion prévue jeudi prochain. Mais cette réforme va quoi qu'il arrive changer notre paradigme de sélection, ici à Lille". Le gouvernement a évoqué la mise en place de commission d'exonération et la création de bourses : c'est sur ce point que le vice-président de l'Université de Lille espère, jeudi prochain, avoir de "bonnes nouvelles" pour les étudiants étrangers lillois.