C'est officiel : la hausse des droit d'inscription des nouveaux étudiants non-européens sera effective à la rentrée prochaine. On a rencontré Francois-Olivier Seys, vice-président aux relations internationales à l'université, pour comprendre comment ce décret va être mis en place à Lille.
[Si vous voulez vous refaire un petit récap' de l'arrivée de ce décret controversé, on vous conseille d'aller faire un tour ici ou là]
Selon vos estimations combien d'étudiants extra-européens seront concernés par la mesure à la rentrée ?
F.-O. Seys : Il est difficile d'avoir des estimations précises avant la rentrée justement. Surtout qu'il faut bien noter que ceux qui sont déjà inscrits chez nous, environ 5 500, ne sont pas concernés par ces nouveaux tarifs. Seuls les nouveaux arrivants sur le campus vont y être confrontés.
N'avez-vous pas peur qu'ils soient justement moins nombreux à la prochaine rentrée à vouloir s'inscrire ?
F.-O. Seys : L'Espagne qui a appliqué une mesure similaire il y a environ cinq ans a constaté 13% de baisse la première année. Rien ne dit qu'on sera dans la même situation mais il est clair qu'on ne s'attend pas à une augmentation. Notre but maintenant, à l'Université de Lille, c'est de rassurer et d'aider ceux qui veulent venir mais n'en ont pas les moyens.
Certaines universités ont déclaré refuser de faire payer ces étudiants pour protester contre ce décret. Quelle est la position de l'université de Lille ?
F.-O. Seys : Comme la très grande majorité des universités françaises, nous étions contre. Le président (Jean-Christophe Camart) était d'ailleurs pour la suspension provisoire de cette mesure. Mais le fait est que nous sommes assujettis à ce décret une fois publié. Tout ce qu'on peut faire sur la durée, c'est exonérer partiellement le maximum d'étudiants via les commissions d’exonération. A Lille, on veut être transparents avec ces futurs étudiants : on préfère leur proposer une exonération partielle mais sur deux ans plutôt que de leur dire "Venez, vous ne paierez rien la première année" et leur demander les 3000€ d'inscription dès l'année suivante, faute de moyens.
Que va proposer concrètement l'Université de Lille à ces nouveaux étudiants extra-européens ?
F.-O. Seys : Depuis l'annonce de cette stratégie "Choose France" par le premier ministre cet automne, on cherche à trouver des solutions alternatives pour, au moins, alléger ces frais d’inscriptions qui explosent (de 170€ à 2770€ pour la licence par exemple [ndlr]). D'après le code de l'éducation, on peut exonérer partiellement jusqu'à 10% de nos étudiants de leurs frais d'inscriptions. Jusqu'ici, cela concernait surtout chez nous les étudiants français non-boursiers en difficulté financière. Huit cents d'entre eux en ont bénéficié en 2018 par exemple. Pour l'année prochaine, on compte bien atteindre le palier des 10% en incluant le maximum d'étudiants étrangers. On estime à 4200 le nombre d'étudiants qui pourront en bénéficier sur l'ensemble du campus. On pourra ainsi ramener leurs frais d'inscription au niveau de leurs camarades français et européens.
4200 étudiants pour 5500 étudiants non-européens aujourd'hui, sans compter les Français qui bénéficient déjà de cette exonération : tout le monde ne pourra pas rentrer dans ces fameux 10%. Comment va se faire la sélection ?
F.-O. Seys : Nous sommes une université française, les étudiants français en difficulté resteront prioritaires. Ensuite, l'axe de la recherche est très important chez nous, ce qui veut dire que les étudiants étrangers qui veulent entrer en master et doctorat seront exonérés partiellement de leurs frais. Ça nous permet également de sauver certaines filières. Il restera ensuite une marge de manœuvre pour les étudiants non-européens qui souhaitent entrer en licence et dont les demandes seront traitées au cas par cas en commission.
La logique du "payer plus pour accueillir mieux" de cette stratégie gouvernementale va-t-elle finalement payer ?
F.-O. Seys : Qu'il faille trouver de l'argent et investir pour améliorer l'accueil des étudiants étrangers, oui je suis d'accord. On le doit, que ce soit au niveau pédagogique, du logements, de l'apprentissage du français ou de l'administratif. Après, pour être tout a fait honnête, sur ma ligne des recettes des relations internationales, j'ai simplement affiché 0 comme objectif l'année prochaine. Par prudence.