C'était la grosse réserve émise par le commissaire-enquêteur en mars : sera-t-il sain de nager dans la piscine que la MEL projette de construire sur l'ancienne friche Saint-Sauveur ?
Un rapport d'experts vient de sortir... et il est déjà dénoncé par les associations. On vous explique tout ça en tentant de ne pas boire la grosse tasse.
Après l'enquête publique complémentaire, le commissaire enquêteur a rendu un bon gros rapport en mars. Il y confirmait, dans les grandes lignes, que le projet d'aménagement de la friche Saint-Sauveur était bien "d'intérêt public". Mais... Parce qu'il y avait bien un mais : la piscine de la MEL sur le Belvédère.
OK, le projet n’est pas dénué d’intérêt selon le rapport, mais le commissaire-enquêteur serait rassuré d’avoir l’avis de l’Agence régionale de santé ou d’un expert indépendant. Pourquoi ? Simplement pour “vérifier que la localisation projetée pour la réalisation de la piscine, compte-tenu de la qualité de l’air à cet endroit, est, pour les futurs utilisateurs, compatible avec les modifications physiologiques à l’effort lors des activités sportives“.
Si faire du sport à cet endroit est plus nocif que bénéfique, ce serait quand même un comble.
- L'enquête de l'Institut Pasteur
La mairie et la MEL ont bien compris que cette enquête devait être réalisée et s'y sont engagés. C'est le pôle pollution-santé-longévité de l'institut Pasteur qui s'y est collé. Son verdict est tombé il y a quelques jours et c'est La Voix du Nord qui nous communique sa conclusion :
"Le risque sanitaire lié (…) aux polluants atmosphériques extérieurs n’est pas d’une intensité suffisante pour contrebalancer les effets bénéfiques engendrés par la pratique d’une activité sportive".
En bref, si on met les risques liés à la pollution atmosphérique du Belvédère d'un côté et les bénéfices de la natation de l'autre, le positif du second l'emporte.
L'équipe de l'Institut (composée de "neuf chercheurs ou universitaires, biologistes, pneumologues et toxicologues", précise le quotidien régional) a obtenu ce résultat en se basant sur une étude préexistante analysant la pratique du cyclisme dans un environnement pollué. Elle précise quand même que ces résultats ne prennent pas en compte l'activité sportive intense et ne concernent pas les personnes ayant des soucis de santé chroniques.
A peine sorti, le rapport a été remis en cause par deux assos qui s'opposent au projet de la piscine : PARC et ASPI. "Elles remettent en cause l'indépendance de Pasteur", explique toujours La Voix du Nord. PARC et ASPI auraient préféré, par exemple, que ce soit l'Agence régionale de santé (ARS) qui mène cette enquête et non l'Institut lillois qui a été créé par la municipalité. Les assos pointent aussi la composition de son conseil d'administration où l'on retrouve beaucoup de personnalités "pro-piscine" ou en lien avec sa construction. Pour elles, ce rapport est donc biaisé puisque non-indépendant à leurs yeux.
L'adjoint au maire Jacques Richir est l'un de ceux pointés du doigt par les deux associations puisqu'il fait partie du conseil d'administration de l'Institut. Il a répondu à ces accusations dans le journal en affirmant l'indépendance du fameux pôle pollution-santé-longévité tout en assurant à la Voix du Nord que le CA dont il fait partie "n’exerce aucune activité de tutelle scientifique sur les chercheurs de l’Institut".
Tout ça pour conclure que le projet de la piscine du Belvédère est de moins en moins prêt à tomber à l'eau après cette nouvelle enquête.