Aides, cours, partiels, Erasmus... L'Université de Lille à l'heure du confinement
Justine Pluchard,
5 min de lecture
19 mars 2020,
Justine Pluchard,
5 min de lecture
19 mars 2020,
Depuis lundi, on ne va plus à la fac. Ni les étudiants, ni les profs, ni le personnel administratif... Personne. Mais ça ne veut pas dire que tout s'arrête, bien au contraire. On a appelé Lynne Franjié, vice-présidente à la formation pour faire le point.
Bon, forcément, des campus qui ferment en même temps que les bars et les restos, ça n'a franchement rien de joyeux, on le sait, on vous lit sur les réseaux.
Mais ce n'est pas parce que vous ne pouvez plus squatter les amphis que les cours (et le contrôle continu) prennent fin.
On ne va rien vous apprendre si vous avez ouvert votre boîte mail de la fac : l'Université de Lille a mis en place dès lundi son plan de continuité pédagogique.
En gros, chaque composante opte pour la meilleure manière de continuer a dispenser ses cours à distance. Via la plateforme Moodle par exemple, avec des cours en visio ou encore sur Discord, sans oublier les forums et les chats.
"Tout le personnel s'y est mis, la mobilisation a été générale, détaille Lynne Franjié. Et la réception des étudiants est assez formidable aussi, il faut le dire."
Bon, pour les TP et les cours de sports, c'est forcément plus compliqué (car impossible en plein confinement) mais il faut bien faire ce qu'il faut pour endiguer cette fichue épidémie.
Qui dit semestre pair, dit stage dans un bon nombre de cursus. Il y en a environ 10 000 prévus rien qu'à l'Université de Lille. "Ça fait déjà plusieurs jours que le président de l'université a pris un arrêté pour suspendre tous les stages en présentiel : aucun étudiant ne doit se rendre physiquement en stage", détaille la vice-présidente.
Si vous avez l'opportunité de le faire en télétravail, depuis chez vous, libre à vous et à l'entreprise de le maintenir.
Pour les soutenances de ceux qui viennent de finir le leur, elles n'auront bien évidemment pas lieu IRL. C'est à votre prof' de déterminer la manière dont vous allez procéder pour faire le compte-rendu de votre stage.
Les seuls pour qui les stages restent d'actualité sont ceux du domaine de la santé. Les étudiants qui ont atteint leur 3e année ont pu continuer leur stage ou ont été "réquisitionnés" pour apporter leur aide.
"Il y a aussi les volontaires, ajoute Lynne Franjié. Plus de 300 étudiants, que ce soit en médecine, maïeutique, odontologie ou pharma, qui se spontanément proposés pour aider, notamment le centre d'appels du Samu." Chapeau à eux (et merci <3).
Depuis plusieurs semaines maintenant, l'Université a rapatrié ses étudiants partis étudier à l'étranger et qui vivaient dans ce qu'on appelle les "clusters" de l'épidémie. Elle a depuis battu le rappel pour tous. "Mais on ne leur impose pas de revenir, ça reste leur décision, précise la vice-présidente. Certains ne veulent pas rentrer de peur de contaminer leurs parents ou d'autres ne le peuvent tout simplement pas car ils sont déjà confinés là où ils sont."
L'Université a annoncé prendre à sa charge les frais liés à ces retours précipités en France.
En ce qui concernent les étudiants étrangers qui sont actuellement à Lille, même principe : ils ont été "invités" à rentrer chez eux. "Pour ceux qui ne le peuvent ou veulent pas et qui logent en résidence étudiante, on est en lien étroit avec le Crous."
Car certains étudiants n'ont tout simplement pas d'autre choix que de rester à Lille dans leur appart'. Pour s'assurer que ceux qui ont peu de moyens ne se retrouvent pas complètement démunis pendant le confinement, l'Université a débloqué une aide financière. "Tout est fermé à l'Université, des restos U aux épiceries solidaires en passant par les lieux d'aide alimentaire, il fallait trouver une solution pour ces étudiants."
Le centre de santé des étudiants de Cité Scientifique est d'ailleurs toujours ouvert. Le but est de privilégier les consultations téléphoniques mais une permanence reste active en cas d'urgence.
Dès vendredi dernier, tout le personnel des différentes campus a fait en sorte d'équiper les étudiants sans matériel informatique. "On ne peut désormais plus en proposer car tout le monde est passé en télétravail maintenant. Mais on est train d'enquêter pour identifier ceux qui auraient des soucis pour suivre les cours comme un trop faible débit internet."
Dès la semaine prochaine, une fois que le suivi pédagogique aura été bien installé, l'Université planchera sur la suite des événements... comme les partiels. Le contrôle continu est toujours d'actualité et il n'est pas impossible que des exams se déroulent via la plateforme Moodle par exemple si le confinement perdure.
"Notre mantra en la matière, c'est l'équité, appuie la vice-présidente. Ça veut dire que nous ferons tout pour qu'aucun étudiant ne soit lésé. S'il n'y a pas moyen d'obtenir cette équité, on passera en mode 'neutralisation' : on ne comptera pas les enseignements qui ne pourront pas être passés de manière équitable entre tous les étudiants qui les suivent."
Si l'Université doit rester fermée encore plusieurs semaines, il faudra potentiellement réfléchir aussi aux inscriptions pour la rentrée prochaine. "C'est sur notre to-do-list aussi. Tout se fait en ligne aujourd'hui mais les étudiants peuvent avoir besoin de certains documents comme des relevés de notes, compliqués à trouver et à envoyer en confinement."
Pour l'heure, rien ne dit que le confinement durera aussi longtemps mais le monde universitaire veut prendre les devants.
article écrit
par Justine Pluchard