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Interne en médecine, en unité covid et youtubeur, le Lillois Aviscène raconte

Lucie Delorme 3 min de lecture
13 avr. 2020,

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Sur YouTube, c'est Aviscène. Mais à l'hôpital, c'est Walid, interne en médecine. Il travaille actuellement dans l'une des unités Covid-19 de la métropole lilloise, et raconte son quotidien en ligne. Les masques, les soignants malades, la gestion de la mort... Les équipes sont mises à rude épreuve.

Ça se passe dans un hôpital de la métropole lilloise, dont on taira le nom. Une unité qui ne fait pas de réanimation, mais des soins continus. "Je suis dans le service où c'est chaud", résume Walid. Tous les jours, lui et ses collègues accueillent les "primo-affectés", notamment de l'EPHAD juste à côté de l'hôpital, et les patients "qui sortent de réanimation au CHU et qui ont été transférés pour laisser la place aux suivants, mais qui ont encore besoin d'oxygène". "Au début, on avait une toute petite unité de six lits. Mais elle a été tout de suite remplie. On en a ouvert une deuxième, beaucoup plus grande celle-là. Le problème avec cette maladie, c'est que si un patient est atteint, il faut fermer tout le couloir."

L'autre problème, c'est que "les infirmiers, les aides-soignants, il y en a beaucoup qui sont tombés malades". "Pour la plupart, c'est passé comme une grippe", mais l'inquiétude est là, et en attendant qu'ils guérissent, il a fallu faire sans eux. "C'est vraiment compliqué pour faire tourner les équipes."

"On ne sait pas s'ils vont ressortir vivants"

Avant, Aviscène racontait en ligne son quotidien d'interne en médecine. On pouvait en apprendre plus sur les gardes, sur les urgences, sur la manière dont l'internat fonctionne. C'était marrant, bon enfant, instructif. Aujourd'hui, il raconte toujours son quotidien, mais il a bien changé. "On doit gérer un nouveau rapport à la mort. On n'est pas devenus médecins pour voir des gens mourir tous les jours. On sait qu'il y a des maladies qui vont amener à ça, mais là, les patients qu'on reçoit, on ne sait pas s'ils vont ressortir vivants." Une charge émotionnelle difficile à anticiper, mais qui peut parfois faire des dégâts.

"Une dame est arrivée dans l'unité, et je la connaissais d'une précédente hospitalisation, en décembre. Elle était sortie en forme." La patiente meurt du covid. "Putain, ça m'a fait chier. Elle n'aurait pas dû mourir maintenant, elle allait bien." D'autant que la mort arrive dans la solitude. "Les familles ne peuvent pas venir, les patients meurent seuls dans leur chambre, c'est horrible."

Deux masques par jour

"Je poste pas mal sur Twitter en ce moment, parce que c'est ce qui va le plus vite. Mais j'ai aussi fait une vidéo sur le rapport à la mort. Je pense que je vais parler un peu plus de ce côté lié à l'humain de la maladie." Il a aussi fait une vidéo sur les masques, agacé de voir des gens en porter dans la rue. "On en a deux par jour, on est rationnés. Il y a des patients qui me toussent dessus. Normalement, en sortant de la chambre, je dois jeter le masque. Mais là, je dois le garder et aller de chambre en chambre avec. C'est n'importe quoi."

S'il a bien une recommandation, c'est celle de ne pas céder à la tentation d'aller voir du monde. "J'ai eu un patient de cinquante ans qui était en pleine forme qui est aujourd'hui entubé sous respirateur. Ça touche plus de monde qu'on ne croit."

Pour suivre Aviscene, ça se passe sur YouTube et sur Twitter.

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par Lucie Delorme

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Tag : Lille


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