Emmanuelle Jourdan-Chartier : "Plus le confinement durera, plus on aura d'étudiants en grande précarité"
Lucie Delorme,
2 min de lecture
17 avr. 2020,
Lucie Delorme,
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17 avr. 2020,
Quand il s'agit d'alerter sur la situation, la vice-présidente à l'université solidaire Emmanuelle Jourdan n'hésite pas à être franche. L'Université vient de débloquer un fonds d'urgence de 500 000 euros pour venir en aide aux étudiants les plus précaires. Parce qu'avec le confinement, figurez-vous qu'ils se multiplient.
Dès le début de la crise, l'Université a réagi. "La première mesure date du 16 mars, donc du premier jour du confinement, raconte Emmanuelle Jourdan-Chartier. On a décidé de verser 200 euros à 1 200 étudiants qu'on savait en précarité structurelle. Avec les activités du Secours Populaire et des Restos du Coeur suspendues, on savait qu'ils allaient être en difficulté." Puis la semaine suivante, avec ces deux associations de retour aux affaires, une distribution de denrées alimentaires a eu lieu dans les résidences Gallois et Camus. Enfin, des e-cartes valables chez Carrefour ont été distribuées à 2 300 étudiants qui en avaient cruellement besoin.
"La semaine du 23 mars, on a retrouvé un fonctionnement plus normal des instances et des commissions d'aides, poursuit Emmanuelle Jourdan-Chartier. On tient une commission par semaine depuis lors, au lieu d'une par mois d'ordinaire." Parce que les besoins de la part des étudiants se font plus nombreux. "On traite les demandes d'une centaine d'étudiants par semaine." Ce qui est beaucoup.
"Ce qui me préoccupe, c'est que c'est un public en forte croissance, poursuit la VP. On a toujours eu des étudiants fragiles. Mais on a aussi des étudiants non boursiers qui ont des jobs, et pour qui c'est la seule source de revenus. Ils ne peuvent pas travailler actuellement." Pour vous donner un ordre d'idée, 27 à 30% des étudiants vivaient de leur job avant le confinement. "On compte aussi 36% de boursiers." Sur le campus de Pont de Bois, 50% des étudiants sont boursiers. Et puis il y a ceux qui se faisaient aider par leurs parents, qui eux-mêmes se retrouvent en difficulté. Autant de personnes potentiellement en galère actuellement. Et cela ne va pas s'arranger. "Plus le confinement dure, plus il y aura d'étudiants en grande précarité"
Les 500 000 euros qui viennent d'être débloqués vont aider, mais Emmanuelle Jourdan-Chartier prédit qu'ils ne suffiront pas. "Le fonds est abondable encore une fois, mais l'université a ses limites aussi." Tandis qu'aucune aide ministérielle n'est prévue à ce jour pour aider ces étudiants.
Si vous vous trouvez en difficulté, vous avez tout un tas de moyens de demander de l'aide:
article écrit
par Lucie Delorme