Tests, crainte du rebond, taux de mortalité : le CHU de Lille refait le point

L'épidémie est toujours sur une dynamique de plateau "voire de réduction" au CHU de Lille. Sur les 265 lits dédiés aux patients hospitalisés pour le Covid-19, 170 sont actuellement occupés dont une soixantaine en réanimation. Un chiffre qui, encore une fois, "est une preuve que la pression épidémique diminue grâce à l'application des gestes barrières et de la mise en place du confinement", explique Frédéric Boiron, directeur du CHU de Lille.

Pas de relâchement qui soit

Des efforts à ne pas relâcher puisque "ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'un patient qui arrive en réa' pour cause de Covid y reste en moyenne 20 jours", détaille le Pr. Mathieu, chef du pôle réanimation. Les départs qu'on observe aujourd'hui sont donc à corréler à la situation d'il y a trois semaines.

A noter également : le taux de mortalité au service réanimation du centre hospitalier lillois tourne autour des 20%. Un taux qui ne diffère pas beaucoup plus de celui observé en temps "normal" dans ce service. "Ce qui veut dire que le Covid-19 est une infection grave mais nullement une infection où le pronostic est d'emblée désespéré."

Ce que le professeur observe également, c'est l'arrivée de patients non infectés par le coronavirus mais qui sont en réa' suite au retard de la prise en charge de leur maladie. Le message reste donc le même : en dépit de l'épidémie, il faut continuer à se faire soigner pour les autres problèmes de santé.

Prudence face au rebond

Le déconfinement ne va d'ailleurs pas constituer "la dernière phase" pour le CHU de Lille qui se prépare aussi à retrouver une activité non-infectieuse petit à petit. "On veut rester extrêmement prudents, lance le Pr. Pruvot, président de la CME du CHU. Notre dernière phase, c'est la transformation de nos différents hôpitaux en structures qui vont accueillir pendant de longs mois des malades infectés à un rythme que nous ne connaissons pas."

L'ombre des rebonds épidémiques suite au déconfinement plane forcément. C'est donc une structuration d'autant plus complexe avec des réaffectations du personnel et du matériel qui va devoir s'organiser. Pas vraiment de quoi laisser le temps de souffler au CHU en somme.

Recherche et tests

Surtout que le CHU de Lille continue de jouer son rôle dans le domaine de la recherche avec "soixante projets de recherche et d'innovation lancés dont la moitié directement par des chercheurs lillois", précise son directeur.

Le labo de virologie du CHU doit également continuer à augmenter sa capacité à tester et donc dépister les patients infectés. "On a réussi à passer de 40-50 tests le premier jour à 1800 aujourd'hui, détaille le Rr. Laurence Bocket. Grâce à une nouvelle plateforme de dépistage plus élargie, on peut espérer monter à 2800." Ces fameux tests PCR sont ceux utilisés pour un diagnostic direct mais ils devraient être complétés assez rapidement par des tests sérologiques.

Pour que le maillage sur le territoire soit le plus dense possible en matière de tests justement, le CHU s'emploie à "activer progressivement un certains nombre de laboratoires pour qu'ils réalisent eux-mêmes les tests, quitte à leur fournir les réactifs ou la procédure pour le faire", précise Frédéric Boiron.