Accueil  >  Culturons-nous  >  Flashback

[Flashback] La guinguette de la Nouvelle-Aventure, l'ancêtre festif des Halles de Wazemmes

Justine Pluchard 5 min de lecture
24 mai 2020, FlashbackNight Night

Partager cet article

Partager cet article

Le dimanche, vous allez peut-être vous faire plaisir au marché de Wazemmes. Avec les bars fermés, on y passe certes moins de temps, mais un dimanche sans marché de Wazemmes, c'est comme une bière sans mousse pour pas mal de Lillois.

Qui n'a pas déjà amené ses potes parisiens ou ses parents non-lillois passer une matinée journée dominicale autour des Halles ? Qui n'est pas déjà parti à 11 heures à la va-vite, les idées encore embrouillées à cause de la soirée de la veille, pour aller chercher de quoi manger au marché le midi... mais n'est finalement rentré qu'à 19 heures chez lui ?

Certains appellent ça un "guet-apens", nous on préfère appeler ça "un dimanche wazemmois". Ceux qui auront levé les yeux vers les noms de rues du quartier auront repéré que la place du marché s'appelle en réalité place de la Nouvelle-Aventure. Il y a bien évidemment une histoire derrière ça. Qui parle forcément de convivialité et de fête, Wazemmes oblige.

Guinguette power

Rewind. Bienvenue à Wazemmes au XVIIIe siècle. On ne parle pas encore de quartier parce que Lille n'a rien à faire dans cette histoire pour le moment. A cette époque, Wazemmes est une paroisse rurale qui prend un peu du galon à partir des années 1710 grâce à la construction de plusieurs belles maisons et de lieux de loisirs où les gens du coin viennent se changer les idées le week-end.

Le spot le plus prisé et festif à l'époque, c'est le château de l'Aventure de monsieur Cordonnier qu'il a transformé en guinguette. Il l'agrandit dès 1758 en construisant une belle annexe sur la parcelle d'à côté qui appartient aux Hospices. On l'appelle désormais "La Nouvelle-Aventure" rapport à tous les aménagements qui y ont été réalisés : jardin, théâtre au premier étage, grande terrasse, manège de chevaux de bois... Bref, c'était l'endroit où il fallait être pour faire la fête quand on habitait le coin à l'époque.

Dites-vous qu'à la fin du XVIIIe, la réputation de la guinguette de la Nouvelle-Aventure était connue jusqu'à Paris. Lors des grosses fêtes, on pouvait y retrouver jusqu'à 5000 personnes qui s'y enjaillaient pendant plusieurs jours d'affilée. Et ce n'est pas parce que c'est un "château" que c'est le rendez-vous des nobles. Tout le contraire en fait : on vient y célébrer les grosses fiestas populaires de l'époque.

Fiesta populaire

Alors non, ni la Braderie, ni la Fête de la Soupe mais plutôt la Saint-Anne, la Saint-Eloi ou encore la grosse fête du Broquelet, dédiée aux dentellières et aux ouvriers du textile du coin, qui se tenait début mai. C'était LA fête qui durait plusieurs jours, jusqu'à huit lors de son âge d'or. Mais bon, traditionnellement, c'était trois et c'était déjà pas mal.

Ça commençait par des chansons chantées dans les rues de la ville par les bandes d'ouvrier.e.s du textile des différents quartiers. Il se rejoignaient ensuite tous à la Nouvelle-Aventure pour danser et faire la fête jusqu'à plus soif. C'était aussi l'endroit où il fallait être si on était célib' si l'on en croit les chansons en patois d'Alexandre Desrousseaux et les rapports des clercs de l'époque, outrés par le manque de morale qui y règne.

A la fin, les quelques milliers de fêtards quittaient la guinguette pour aller noyer une réplique de Saint-Nicolas dans la Deûle. Ne nous demandez pas pourquoi, on ne sait pas, mais c'était symbolique.

De la guinguette aux halles

Sauf que faire la fête, ça fatigue. La Nouvelle-Aventure perd peu à peu de son éclat festif au milieu du XIXe. Elle est alors tenue par la famille Colette, bien connue et influente dans le coin puisqu'elle a donné en passant plusieurs maires à Wazemmes. Mais sentant le vent tourner, elle décide de vendre la guinguette en 1843.

Quinze ans plus tard, Lille va carrément venir annexer plusieurs villes voisines, dont Wazemmes. La Nouvelle-Aventure est toujours une guinguette mais clairement plus the place to be. Le 13 mai 1861, c'est même son ultime fête du Broquelet.

La guinguette va être démolie juste après pour qu'on puisse ériger à la place les fameuses Halles qu'on connaît tous aujourd'hui. Le marché couvert est construit à partir de 1869 et sera inauguré en 1873. C'est encore le même bâtiment qu'on côtoie le dimanche et qui se situe toujours... place de la Nouvelle-Aventure.

Pour écrire cet article, on s'est basés sur une foule d'infos glânées ici et là sur les internets mondiaux :

https://www.facebook.com/LilleFrance/posts/3258862737481182
Vozer Vozer

À lire aussi, c’est tout frais !


[Flashback] Les traditions qui ont disparu de la Braderie de Lille au fil des siècles

Aurore Garot, 4 min de lecture
12 sept. 2024 Braderie Flashback


[Flashback] Quand Le Fresnoy de Tourcoing était the place to be pour faire la fête

Aurore Garot, 5 min de lecture
13 août 2024 Flashback


Dans le Nord, une mystérieuse affaire d'OVNI bientôt racontée dans un documentaire

Aurore Garot, 3 min de lecture
07 août 2024 Flashback


article écrit
par Justine Pluchard

Vozer Vozer

À la une de Vozer

Menu
La vie quot'

Chiant mais important

Transports

Staïle

Voyage voyage

Faits divers

Dans la rue

Bouffe & Godet(s)

Brasseries

Foodporn

Bars

Culturons-nous

Plein les yeux

Street Art

Flashback

Geek

On sort ?

Night Night

Festival

Braderie

WTF

Vert et Solidaire

Solidarité

C'est green

Sueur

Jeux Olympiques

et aussi

Comment ça marche, Vozer ?

La carte ultime de Lille

Qui sommes-t-on ?

Faire de la pub avec nous

Ça mérite un sujet Vozer

Faire un stage chez nous

"Flashback" : le livre

Contact