Face une diminution imprévue des déchets, la boite qui gère le ramassage de vos poubelles a réclamé une indemnisation à la MEL. L'entreprise a obtenu gain de cause et a raflé un beau chèque d'un million d'euros. Dit comme ça, ça semble un peu saugrenu, sauf qu'il y a une explication.
"Lors du Conseil métropolitain du 16 octobre dernier, il a été décidé d’accorder à Esterra une indemnisation financière en raison d’une diminution des tonnages en 2019 et 2020", nous dit-on du côté de la MEL. Pour la faire simple, les Lillois ont moins jeté, ce qui ne fait pas les affaires d'Esterra.
Dans le contrat qui lie la MEL et Esterra depuis 2013, un certain tonnage a été établi. C'est sur cette base que la société de traitement des déchets a construit son business plan. Or, ces deux dernières années, elle a ramassé moins de déchets. Donc pour compenser ce manque à gagner, Esterra a réclamé à la MEL la somme rondelette et coquette de cinq millions d'euros. "La MEL était dans l’obligation d’indemniser son prestataire", ajoute l'intercommunalité. Après des négos, le montant a finalement été revu à la baisse et l'entreprise a touché un million d'euros.
Une réduction des déchets imprévisible
Pour expliquer cette diminution des tonnages, la Métropole Européenne de Lille avance l'argument d'"événements imprévisibles au moment où le marché a été attribué en 2013". La sécheresse de 2019 aurait fait diminuer de manière significative les déchets verts, pour commencer. Pourquoi ? Tout simplement parce que pendant cette période, les métropolitains ont moins tondu leur pelouse et moins taillé leurs arbres.
Ensuite, avec la crise actuelle, les Lillois ont produit moins de déchets recyclables. "La crise sanitaire a conduit à des transferts de tonnages des déchets recyclables vers les ordures ménagères résiduelles", nous explique-t-on à la MEL. En gros, au lieu d'atterrir dans la poubelle rose (de tri), de nombreux déchets se sont retrouvés dans la poubelle noire (de déchets organiques ou non recyclables). Le truc, c'est que la collecte des déchets recyclables est bien plus rémunératrice pour Esterra que les déchets ménagers classiques. Si on va au bout de ce raisonnement, ce n'est donc pas tant que les Lillois ont moins jeté, c'est surtout qu'ils ont moins recyclé. Et Esterra n'avait pas prévu ça.
Pour info, la MEL et Esterra sont engagés jusqu'en 2022.