[Covid] Les recherches de l'Université de Lille ont permis la création d'un masque virucide
Justine Pluchard,
4 min de lecture
16 fév. 2021,
Justine Pluchard,
4 min de lecture
16 fév. 2021,
Un masque à usage unique qui peut filtrer mais aussi s'auto-décontaminer, c'est la petite grosse innovation annoncée ce mardi par le partenariat 100% français composé de deux labos de l’Université de Lille (CNRS et l’INSERM), du CHU de Lille, et la start-up BioSerenity. On vous explique comment ce masque virucide fonctionne.
S'il y a bien une chose qu'a prouvé cette pandémie, c'est que l'union fait la force. Chez nous, deux unités de recherche de l'Université́ de Lille ont mis au point une nouvelle technologie, baptisée Cidaltex®.
Leur innovation consiste a avoir donné une fonction antivirale à l'une des couches filtrantes qui compose un masque. On n'a pas le talent de Fred et Jamy pour vous expliquer ça en mode C'est pas sorcier mais on va essayer quand même de vous expliquer le principe.
Sur les fibres d'une couche de masque, les chercheur.se.s ont fixé de la cyclodextrine, "une molécule
made in Hauts-de-France puisqu'elle est fabriquée à partir d'amidon de maïs et transformée par la société Roquette", expliquait en conf' de presse ce mardi matin le professeur Bernard Martel qui bosse à Lille pour le CNRS. La cyclodextrine est déjà utilisée dans les cosmétiques et l'alimentaire pour ses propriétés de "molécule cage" : elle a en fait la capacité de retenir une autre molécule avec elle.
Et c'est là que ça devient intéressant... Car en plus de fixer sur la fibre du masque de la cyclodextrine, les chercheur.se.s lillois.es, qui connaissent très bien cette molécule, y ont emprisonné des molécules actives antivirales. Résultat : non seulement le masque filtre mais il peut désormais détruire carrément le virus par les molécules antivirales. Trois bénéfices en un puisque ça protège encore mieux le porteur du masque, ceux autour et ça évite aussi que le masque ne devienne lui-même une source de contamination quand on doit le jeter.
A l'Insern, on a cherché à évaluer l'efficacité de Cidaltex® et c'est plus que concluant : 99,9% de l'activité bactérienne et virale est neutralisée avec. "Et on a aussi vu qu'après 4 heures d'utilisation la couche Cidaltex® gardait toutes ses propriétés", note Nicolas Blanchemain, chercheur lillois à l'Inserm.
Entre mai et décembre 2020, les recherches des deux labos lillois ont été transférées à la start-up française Bioserenity, née il y a quelques années dans un hôpital parisien et qui fabrique déjà des masques pour Santé publique France. Elle se charge de produire ces masques en deux versions : une de type FFP médical et une autre sous la forme des masques chirurgicaux à usage unique qu'on utilise tous et toutes.
Une première série de prototypes décontaminants a été lancée dans une de leurs usines de Troyes pour les faire tester par du personnel soignant volontaire du CHU de Lille. Le but était de savoir si le nouveau masque ne présentait pas de souci d'humidité ou de respirabilité pour celui ou celle qui le porte.
Résultats concluants une fois encore donc la machine est lancée : le masque FFP est d'ailleurs déjà homologué aux normes européennes et est disponible dès ce mardi. Pour le chirurgical, ce sera le cas dans quelques jours. BioSerenity peut en produire 1 million par jour mais va réserver ses premiers envois aux professionnel.le.s de santé. Ils devraient arriver en pharmacie incessamment sous peu pour le grand public.
Avant de vous quitter avec les prix de ces masques, on vous file les réponses à deux questions très intéressantes posées pendant la conf' de presse :
Pour les prix, BioSerenity annonce, pour les gens comme vous et nous, un prix de 1,49€ pour la version FFP et 0,44€ pour la version chirurgicale quand ils seront dispos.
article écrit
par Justine Pluchard