Dans le Vieux-Lille, un tiers-lieu associatif et culturel a éclos dans l'ancienne institution Sainte-Marie
Justine Pluchard,
3 min de lecture
22 fév. 2021,
Justine Pluchard,
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22 fév. 2021,
Plus aucun élève n'a mis un pied dans l'institution de la rue Maracci depuis 2018. La fondation Habitat et Humanisme a racheté les locaux pour en faire des logements d'ici 2025, mais en attendant, une foule de gens qui bossent dans l'associatif, l'écologie et l'économie sociale et solidaire occupent le lieu de manière transitoire.
Quand on entre dans l'immense bâtiment qui fait l'angle des rues Maracci et Saint-Sébastien, on sent tout de suite que le lieu a mal vécu son année d'inoccupation en 2019. On sent aussi clairement qu'il est en train de reprendre vie, tant les bruits des conversations et des pas dans l'escalier démontrent que des gens s'y affairent.
On savait déjà que le cabinet O Architecture (qui accueille gratos les étudiant.e.s) et que le Hangar (le collectif d'entreprises à vélo) occupaient respectivement le rez-de-chaussée et le sous-sol des lieux. Mais on était loin d'imaginer que le reste du bâtiment de plus de 4000m² qui s'appelle désormais "l'îlot Maracci", abritait beaucoup plus de monde. Et du beau monde.
"On ne va pas tout réintégrer mais tous les étages ont déjà leur utilité", explique Brigitte, l'une des bénévoles de l'asso régionale d'Habitat et Humanisme. Elle, par exemple, va surtout gérer le tiers-lieu qui est né au premier étage où on voit encore le nom des profs sur les portes des anciennes salles de classe. "On a une culture particulière chez nous : notre but c'est de mixer au maximum des associations d'entraide, des entreprises sociales et solidaires ou encore des artistes pour devenir un lieu où on peut trouver à s'épanouir."
Baptisé "Au fil de soi", le tiers-lieu est en fait déjà ouvert mais ne peut pas encore lancer ses activités à cause de la situation sanitaire. Les bénévoles continuent donc de réaménager l'étage (ils installent internet en ce moment) et accueillent dès ce lundi six artistes en résidence. "Ils animeront eux-mêmes des ateliers par la suite comme de l'art-thérapie", note Brigitte.
Il y aura aussi une asso de culture urbaine qui organisera des cours de hip-hop, de danses de salon, de rock ou encore de méditation. "L'objectif, c'est de renouer avec soi. C'est pour ça qu'il y aura aussi des assos comme Re-Naître qui aide les femmes à se reconstruire après des violences conjugales."
Pour l'instant, seuls 1000m² sont occupés par le tiers-lieu qui pourrait s'étendre si besoin sur 500 autres m². "On a encore de la place pour des assos ou des entreprises ESS qui ont les mêmes valeurs comme la solidarité et l'écologie", explique la bénévole.
On ne pourra pas débarquer dans le tiers-lieu comme ça, même une fois les restrictions sanitaires levées. Il faudra forcément avoir pris rendez-vous au préalable avec une asso ou avoir réservé une place à un atelier pour grimper au premier étage. Il y aura d'ici là un site internet pour ça, bien entendu.
Ce tiers-lieu, c'est aussi un test pour la suite. Fin 2023, quand les travaux démarreront pour transformer tout l'îlot Maracci en résidence de logements (principalement à faibles loyers dont une résidence intergénérationnelle et une pension de famille), un espace solidaire sera toujours là. Les assos qui seront devenues indispensables au lieu et au quartier pourront ainsi continuer de loger là.
On a encore plein de choses à vous dire sur ce bâtiment et sur toutes les personnes qui s'y croisent, se sourient, se parlent et s'entraident. Dans les deux derniers étages, par exemple, l’ancien internat est devenu un hébergement d’urgence, géré par le groupe SOS Solidarités. "Il y a une vraie synergie humaine ici. Qui va bien au delà de nos espérances d'ailleurs", conclut Brigitte.
Dans un monde parfait, il y aura moyen de découvrir les lieux et les gens qui l'occupent à la mi-avril pour l’évènement "Les fenêtres qui parlent".
article écrit
par Justine Pluchard