Les céréales utilisées lors de la production de bière sont souvent peu valorisées après un brassin. Nogashi, une nouvelle structure associative roubaisienne fait le pari de donner une nouvelle vie à ces produits en les transformant en farine.
La drêche, pour les néophytes, c'est en fait ce qui reste des céréales qui ont trempé dans l'eau au cours du processus de production d'une bière afin d'en extraire le sucre. La plupart du temps, c'est de l'orge mais ça peut également être du maïs ou du blé, tout ça dépend bien entendu du processus de production de la brasserie.
Et le saviez-vous ? Sur 100 litres de bières, 30 kg de drèches sont produits en moyenne. Depuis 2016 et la loi sur la valorisation des biodéchets, les brasseurs doivent valoriser ces déchets organiques comme la drêche à travers plusieurs filières : la méthanisation, l'alimentation animale et le compostage. Sauf que la drêche possède de nombreuses qualités nutritionnelles qui peuvent entrer dans la composition d'aliments pour nous les êtres humains. C'est riche en protéines, fibres, minéraux et léger en calories. En bref, c'est bon pour la santé.
Diplômé de l'IMMD Roubaix, Mickaël Duvette est un ancien product manager chez un cuisiniste qui a souhaité poursuivre une expérience en lien "avec le monde de l'agroalimentaire". Attaché aux principes de l'économie circulaire et soucieux de lutter contre le gaspillage des ressources, Mickaël a donc récemment eu l'idée de "revaloriser ce produit peu valorisé pourtant valorisable" qu'est la drêche.
Basée chez HUB
Mickaël prend alors contact avec HUB, la microbrasserie roubaisienne engagée en faveur d'un mode de vie zéro déchet pour tester son projet de valorisation de la drêche en farine bio. Depuis la fondation de l'asso en avril 2021, il a posé son matériel et ses idées dans un coin des locaux d'HUB. Ces premiers mois d'existence ont permis au fondateur de tester et d'entreprendre à partir des restes en céréales de la brasserie roubaisienne. "Pour le moment, on est encore très loin d'une production en grande quantité, je produis environ 10 kg de farine par semaine", explique t-il.
Vous vous demandez peut être si un kilo de drèche transformé correspond à un kilo de farine ? "Pas totalement", explique Mickaël. Environ 80% de la quantité de drèche qu'il reçoit est effectivement utilisable et transformable. Certains résidus sont trop humides et il faut environ 8 heures pour déshydrater la drêche avant de la moudre pour en produire de la farine. Mais au final, c'est sain et écolo.
Actuellement en phase de test, Mickaël prévoit également de décrocher un label bio, "pour certifier de la qualité de ses produits". Avant la fin de l'année, Nogashi devrait commercialiser ses premiers kilos farine de drèches chez des revendeurs engagés dans une démarche écoresponsable. Cette nouvelle étape dans le développement mènera à la transformation de l'association au profit d'une entreprise. Mikaël envisage aussi d'employer une personne à mi-temps pour l'épauler dans son travail et développer la marque.
D'autres produits sont également à l'étude du côté de Roubaix. Mickaël planche sur la possibilité de commercialiser de la pâte alimentaire et des gâteaux confectionnés toujours à base de drèches.
Pour ne rien louper de la future annonce de commercialisation des produits Nogashi. On vous laisse avec le compte Insta et la page Facebook de l'asso, sinon vous pouvez toujours vous référer au site internet.