Ce lundi à Lille, l'asso Solfa ouvre le premier centre pour mineur.e.s prostitué.e.s en France

Si on en croit ce rapport commandé par le gouvernement, entre 7 000 et 10 000 adolescent·e·s seraient concerné·e·s par la prostitution. Pire, aujourd'hui, il y a 70% de mineur·e·s prostitué·e·s de plus qu'en 2016. Pour stopper cette augmentation, l’État français a débloqué 14 millions d'euros. Solfa va en toucher 2 millions sur deux ans pour l'ouverture du centre et l'accompagnement des jeunes concerné·e·s.

Une maison d'Enfants à caractère social pour accueillir des mineur·e·s qui se prostituent existe déjà dans la métropole lilloise. "Quatre jeunes filles sont accueillies avec un critère d'inconditionnalité et à seuil adapté, raconte Jean-Yves Jalain, directeur du pôle protection de l'enfance de Solfa. C'est-à-dire qu'on a un haut seuil de tolérance aux fonctionnements de chacune des filles. Ici, notre rôle principal est qu'elles puissent avoir un lieu agréable pour se ressourcer." Les mineures sont en "semi autonomie, elles rentrent et sortent quand elles le souhaitent. Le plus souvent, elles sont là la journée et se prostituent et consomment la nuit".

Un centre d'expérimentation

Pour aller plus loin dans l'accompagnement, Jean-Yves Jalain a imaginé un projet de centre "contenant, non par ses murs mais par les équipes présentes". "Une jeune fille qui était accueillie dans la maison d'Enfants à caractère social ne pouvait plus y être prise en charge. Avec l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE), nous avons cherché des solutions et ce nouveau centre peut en être une pour elle. Il a pour but de travailler, ensemble, sur une reprise d'un rythme de vie normé."

Dès ce lundi donc, une quinzaine de jeunes filles volontaires va intégrer le centre pour une durée de 6 mois. Une équipe de dix professionnel·le·s formé·e·s va travailler à l'accompagnement de ces jeunes filles avec le programme suivant : "Pendant le premier mois d'observation, les accompagnées n'auront pas accès à leur téléphone et au monde extérieur, explique le directeur. Le but est de les couper de leur milieu actuel, qu'elles puissent se montrer et être telles qu'elles sont vraiment."

A la fin de ce premier mois, chacune d'entre elles pourra sortir sans accompagnement. "Toutes ces jeunes filles qui relèvent de l'ASE ont toujours des situations de vie très compliquées. Le risque pour elles est qu'elles soient dans la désillusion. Les familles peuvent être rejetantes ou honteuses. Notre travail est de les préparer le plus possible à cela tout en sachant qu'elles vont retourner se confronter à leur milieu de prostitution et d'addiction."

Pour anticiper cela, le quotidien des jeunes filles sera rythmé autour d'activités rurales, de préparation de repas avec une maîtresse de maison, d'activités de maraîchage ou encore d'activités de médiation animale. Au terme de ces six mois, ce qu'espèrent Jean-Yves Jalain et toutes les équipes Solfa, c'est que les jeunes filles "soient amenées à faire des choix". "De vrais choix, selon elles et personne d'autre."

Pour mener à bien ce projet sur la durée, l'asso a besoin de dons de particuliers et/ou professionnels. Vous pouvez y contribuer en vous rendant sur la page Facebook de Solfa, sur le site ou en envoyant un message à contact@solfa.fr.