C'est une des préoccupations majeures des Lillois·es : les espaces naturels. Alors que la mairie projette de livrer 90 hectares créés ou rénovés d'ici 2026, on a voulu faire un panorama de l'état des espaces verts à Lille en cette fin d'année 2021, connaître les chiffres et comprendre ce qui est prévu du côté de la mairie en matière de politique d'aménagement à Lille, Lomme et Hellemmes.
Tout d'abord les chiffres
Au total, la ville de Lille et les communes associées de Lomme et Hellemmes comptent 418 hectares d'espaces verts (squares, parcs, pelouses, jardins publics, fermes urbaines...). Pour une ville d'une superficie totale de 34,8km², cela représente 12,2% du territoire municipal. C'est également 17,9 m² d'espaces verts par habitant, un chiffre en augmentation par rapport aux années précédentes. En 2020, lors des élections municipales, le chiffre de 15m² par habitant avait fait irruption dans les débats entre les différents candidats.
Ce chiffre comprend l'ensemble des espaces verts publics y compris les cimetières, et oui. Si on les enlève, puisqu'ils ne sont pas un espace récréatif, cette moyenne tombe à 15m² par Lillois·es. En 2020, le chiffre de 9,83m² avait été rapporté par nos copains de la Voix du Nord.
Toutefois, cette moyenne de m² d'espaces verts par habitant est bien en deçà de la moyenne nationale, chiffre calculé et rapporté par l'Observatoire des villes vertes. Dans son dernier rapport en 2020, l'organisme piloté par l'Union nationale des entreprises du paysage (UNEP) était parvenu à la donnée suivante : en moyenne, la surface d'espaces verts par habitant en France est de 51m².
L'herbe est-elle plus verte ailleurs ?
Du côté de la mairie de Lille, Stanislas Dendievel, adjoint-au-maire en charge de l'urbanisme, au paysage, à la nature, et à l'eau, explique les raisons de ce retard : "C'est une situation qui est tout d'abord liée à la configuration de la ville. Lille dispose d'une petite superficie." C'est vrai que la capitale des Flandres ne compte que 34,8km², c'est peu pour une ville abritant 230 000 habitants.
Strasbourg et Bordeaux, deux villes françaises équivalentes en termes de population disposent d'un territoire municipal beaucoup plus étendu, respectivement 78,2km² et 49,3km². On ressent cette différence dans le nombre de m² d'espaces verts par habitant : 116m² pour la ville Alsacienne (qui fait figure d'exception) et 28m² pour la capitale Girondine.
Un autre facteur : l'histoire. Lille est une ville flamande, c'est à dire une ville minérale où peu de place a été réservé à la nature. De plus, "on hérite d'un espace urbain particulier. Du fait de son passé industriel, le moindre espace à Lille a été rempli par les usines et le bâti", explique l'adjoint au Maire. Ce double héritage explique pourquoi certains quartiers comme Wazemmes ou Fives ne concentrent que 3,58% des espaces verts de la ville.
D'autres chiffres tendent à nuancer ce bilan en demi-teinte et démontrent que la nature demeure présente même au cœur de la ville. 86% des habitants de la ville vivent à moins de 300 mètres d'un espace de nature. Si on prend un peu de hauteur, on se rend rapidement compte que Lille vu du ciel n'est pas noyé sous le béton. "La ville compte un coefficient de canopée de 30,7%, c'est un chiffre important, souvent ignoré." La canopée, c'est la couverture végétale d'une ville, quels que soient les espaces : privés, publics, ouverts et fermés. Ce pourcentage comptabilise des espaces qui ne sont pas recensés dans la moyenne de m² d'espaces verts par habitant comme les espaces de nature nichés au cœur d'ilots d'habitation comme les jardins de résidences.
Promesses de campagne
Pour trouver cet équilibre entre bâti et végétal et accélérer cette métamorphose urbaine qui se fait attendre, l'équipe municipal s'est engagée d'ici les prochaines élections municipales en 2026 dans un plan ambitieux. Au total, c'est près de 90 hectares de parcs, de squares et de jardins qui seront créés ou réaménagés et livrés aux Lilloi·es d'ici la fin du mandat. L'action de la ville est guidé par trois priorités d'actions :
- Environnemental : "Cibler les secteurs en déficit d'espaces verts, cibler pour l'environnement les continuités en matière de biodiversité et de stockage carbone "
- Récréatif : "Aménager des lieux en intégrant des dimensions sportives, culturelles et de loisirs de plein air"
- L'agriculture urbaine (jardins partagés, fermes urbaines) : "Qui contribuent au panier alimentaire des habitant.e.s en respectant les circuits-courts"
En décembre 2021, lors du dernier conseil municipal de la ville de Lille, la mairie a présenté un premier bilan de sa politique sur la saison 2020-2021. Au total, ce sont 11 projets qui ont été livrés, notamment dans des secteurs densément peuplés comme le nouveau jardin de la Paresse à Wazemmes ou le square Katherine-Johnson à Bois Blanc.
La ville a également l'ambition d'augmenter la taille de son patrimoine arboré (actuellement 40 000 arbres sont répertoriés dans les parcs, rues et avenues de la ville) de 50% avec 20 000 plantations. Pour le moment, plus de 3 500 arbustes ont été enfoncés dans la terre. D'autres initiatives sont également prévues comme la création de mini-forêts urbaines dans des zones peu ou pas accessibles au public pour créer de petits poumons verts au cœur de la cité. "C'est un projet inspiré du botaniste japonais Miyawaki dont le but est la création d'espaces végétalisés rendant de nombreux services écosystémiques", explique Stanislas Dendievel.
Pour vous faire ce papier, on s'est appuyés sur plusieurs sources :