Comment l'Université de Lille aide et accueille les étudiant.e.s d'Ukraine et de Russie sur ses campus

"Notre accueil est inconditionnel." A l'Université de Lille, on s'attèle depuis le 24 février dernier à accompagner au mieux les étudiant.e.s de nationalité russe ou ukrainienne qui subissent de plein fouet ce qui se passe à l'Est de l'Europe. L'aide est financière, psychologique, pédagogique, alimentaire, sociale... Et sur les campus lillois, on se prépare déjà à ce que le conflit dure et à l'accueil d'autres jeunes et scientifiques qui sont actuellement sur la route de l'exil.

• Les étudiants ukrainiens

Dès le 26 février, l'Université de Lille a réuni la vingtaine de jeunes ukrainiens et ukrainiennes qui étudient chez elle. "On voulait leur assurer notre soutien et leur proposer des rendez-vous individuels si besoin, explique Emmanuelle Jourdan-Chartier, vice-présidente à la vie étudiante et campus. Certains ont leur famille qui se terre dans le métro de Kiyv ou vont accueillir la leur qui est en transit. D'autres se retrouvent à devoir aider financièrement leur famille alors que c'est elle jusqu'à maintenant qui les soutenait."

Une commission spécifique s'est tenue pour leur assurer un soutien financier. Ils peuvent aussi avoir accès à des cartes alimentaires si besoin et toutes les assos étudiantes et les épiceries solidaires sont mobilisées. Un lien permanent avec les assistantes sociales du Crous est aussi assuré.

Un soutien psychologique avec des rendez-vous au centre de santé leur a été proposé. "Beaucoup se demandent aussi comment ça se passera si le conflit dure et ça a a forcément un impact sur leurs études", ajoute la VP.

• Les étudiants russes

Eux aussi sont touchés de plein fouet par le contexte géopolitique. Ils sont environ 80 à étudier sur les campus lillois et ont du faire face très vite à des fake news leur indiquant qu'ils allaient bientôt être expulsés de l'université. "On les a rencontrés quelques jours après. Eux aussi ont besoin de notre soutien : beaucoup ont vu leur compte bancaire russe bloqué et se retrouvent sans moyen de paiement. Ils ont aussi un fort sentiment de culpabilité vis-à-vis de ce qui se passe. Un sentiment infondé bien entendu puisqu'ils ne sont pas responsables de ces décisions politiques : ils sont très jeunes, loin de chez eux, sans moyen de rentrer même s'ils n'en expriment pas la volonté."

Ils bénéficient donc des mêmes aides que leurs camarades ukrainiens. La Maison internationale les aide aussi à ouvrir des comptes en France et à trouver des jobs étudiants. Quant à la Maison de la médiation, elle a été mise en alerte au cas où ces jeunes russes seraient victimes de discrimination.

• Ceux et celles qui arrivent

Outre cette centaine d'étudiant.e.s, l'Université de Lille s'attend a en accueillir d'autres venant directement d'Ukraine qui sont pour l'instant en Allemagne ou en Pologne, sur la route de l'exil. "Ce sont en majorité des étudiantes puisque les hommes ont été mobilisés. Elles arrivent au compte goutte, souvent seules", détaille la vice-présidente.

Si vous en connaissez, n'hésitez pas à leur transmettre l'adresse mail dédiée : ukraine.solidarite@univ-lille.fr pour que l'Université rentre en contact avec ces jeunes et préparer au mieux leur installation. "On va faire voter en commission un certificat universitaire spécifique pour pouvoir les inscrire immédiatement à l'Université et leur procurer un statut et une carte étudiante."

Une dizaine de chercheurs et chercheuses fuyant leurs laboratoires et leurs facs de Biélorussie et de Russie sont également pris en charge avec leur famille depuis le début du conflit. "Ils sont souvent considérés comme des opposants chez eux et ne se sentent plus en sécurité." Ils sont accueillis au sein d'un programme qui existe déjà depuis un moment : le programme PAUSE qui permet l'accueil en France de scientifiques en exil. La ville de Lille est d'ailleurs impliquée pour trouver des logements à ces familles.

• Comment aider ?

Outre faire connaître l'adresse mail ukraine.solidarite@univ-lille.fr aux étudiant.e.s qui sont en train de fuir la guerre, vous pouvez également utiliser cette adresse pour proposer des hébergements pour ces jeunes. "On parle d'un hébergement qui va peut-être durer plusieurs semaines voire plusieurs mois, c'est à prendre en compte avant de postuler", préfère préciser Emmanuelle Jourdan-Chartier.

Si vous êtes vous-même étudiant.e à Lille, vous pouvez aussi utiliser cette adresse pour vous proposer comme "buddy" : devenir une sorte de binôme pour les aider à socialiser dans cette nouvelle vie étudiante lilloise.

Pour l'instant, l'Université na pas besoin de besoin matériel même si ça peut changer. En revanche, les dons financiers sont forcément toujours les bienvenus : vous pouvez faire un don via la Fondation de l'Université en ligne.