Le 27 février dernier est paru un sondage révélant la situation alarmante des étudiant·e·s à la faculté de médecine de Lille. Depuis, le dialogue progresse et les réunions se suivent. Mais des décisions concrètes ont-elles été prises ?
"Ça fait longtemps qu'il y a un mal-être grandissant, déclare Quentin Quairière, assesseur étudiant à la faculté de médecine de Lille. On a commencé à voir des signes de plus en plus inquiétants en décembre dernier." Un sondage intitulé "Etat des lieux du premier semestre" est alors mis en place. En tout, 826 étudiant·e·s (sur 1580) de quatrième, cinquième et sixième années participent. Les résultats paraissent fin février. Les résultats sont glaçants.
Un sondage qui traduit la souffrance morale
"Je pense que je parle pour beaucoup en disant qu’on a fréquemment des idées suicidaires. Nous ne sommes pas le problème, le système est le problème et on le subit. J’avais foi en la réforme, honnêtement je l’apprécie quand même et je suis pour, mais le plus gros souci revient sans arrêt et pourrit tout le reste : le manque d'organisation. [...] Est-ce que c'est normal de faire un burn out à 22 ans quand on ne travaille pas encore et qu'on a toute la vie devant nous ?" Voilà l'un des commentaires anonymes qu'on peut lire.
Quentin nous en en dit plus : "Avec la réforme de 2021, on passe d'un système de bachotage à un dispositif partagé entre connaissances, compétences et parcours. Le ministère a du mal à l'appliquer, on sent qu'il n'est pas achevé. On démarre notre expérience sans savoir à quelle sauce on va être mangé." Les élèves se trouvent donc débordé·e·s, noyé·e·s dans l'incertitude et l'anxiété.
Quand on leur demande l'impact de la faculté sur leur équilibre de vie, les apprenti·e·s médecins sont catégoriques. Presque 27 % l'évaluent de façon très négative, 43 % de manière négative. Seulement 25 % restent neutres. A la question : "Avez-vous déjà envisagé d'arrêter ou suspendre vos études de médecine au cours de l'externat ?", à peine 32 % estiment qu'ils n'ont jamais douté.
Le pire survient à la question : "Dans quelle mesure estimez-vous que la faculté a compris vos attentes et préoccupations ?" La réponse est bien ou extrêmement bien pour moins de 7 %. Les 773 votes restants répondent "pas bien" ou "pas bien du tout". Pour plus d'informations, voilà le lien du sondage.
Le lendemain de la publication des résultats, le 28 février, la fac répond. Elle s'exprime en quatre messages sur Twitter.
Le dialogue et les solutions
"Il y a eu quatre ou cinq réunions juste après la prise de parole de la faculté", raconte Quentin. Les séances ont donné lieu à des promesses, des groupes de travail, etc. Mais les étudiant·e·s attendent plus. "On veut surtout que ça change rapidement, continue l'externe. On voit bien qu'iels ont compris mais on veut du concret." L'assesseur étudiant reste mesuré, il sait que certaines décisions prennent du temps.
L'urgence s'impose malgré tout sur quelques points qu'il a défini. Selon lui, le problème naît d'un manque de communication "très global" entre la fac, les étudiant·e·s et le corps enseignant. Il évoque aussi un mauvais alignement pédagogique entre les cours et la réforme. En dernier lieu, les examens reviennent sur le tapis, avec parfois des "énoncés alambiqués" et des "questions pièges".
D'autres réunions pointent à l'horizon, pour fin mars. Début avril devrait voir certaines décisions actées comme des plannings plus aérés, dans la mesure du possible. Quentin conclut : "La plupart des étudiant·e·s sont dans l'attente, iels veulent du concret. On voit quand même une évolution donc on a l'espoir que ça change dans les semaines ou mois à venir."