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[Flashback] Le temps où Lille abritait le château de Courtrai
Maxence Binot,
5 min de lecture
10 juil. 2022,
Culturons-nous, Flashback
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Maxence Binot,
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10 juil. 2022,
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A Lille, niveau patrimoine, il y a de quoi faire, entre les beffrois, le palais Rihour ou encore la Citadelle. Mais qui a eu vent de son ancien château ? Anciennement construit au niveau de l'actuelle rue de Gand, le château de Courtrai a disparu aussi vite qu'il est apparu. On va vous raconter l'histoire de cette place forte aujourd'hui presque totalement oubliée par l'Histoire.
Elle est loin l'époque où Lille était barricadée derrière un rideau de pierre et d'eau. Le temps où la ville était entourée de plaines et de fossés et où il y avait des portes avec des ponts-levis devant chacune d'entre elles. Entre les murs, celle qui deviendra la capitale des Flandres n'était à la fin du XIIIe qu'une agglomération de maisons. Aucun château ne protégeait cette ville du Nord qui appartenait au comté de Flandre.
A cette époque, Philippe Le Bel entre à peine dans la trentaine. En bon roi de France, il cherche à mettre son nez dans les affaires du comte de Flandre qu'il souhaite soumettre. "Il voulait mettre au pas les fiefs de son territoire", développe Didier Joseph-François, spécialiste de l'histoire de Lille et auteur de l'ouvrage "Lille : la maison et la ville". Il décide de représenter physiquement son pouvoir féodal sur la ville. Le "Roi de fer" veut donc édifier une place forte pour marquer le coup à Lille : le château de Courtrai.
La construction débute en 1298, au nord-ouest de Lille, entre la porte Saint-Pierre (qui n'existe plus aujourd'hui) et celle de Courtrai (elle non plus d'ailleurs), appelée ainsi car elle est tournée vers la ville éponyme. Philippe le Bel y voit la manifestation de sa suzeraineté sur le comté. "Il maintient ainsi ses prévôts sur place, continue le spécialiste. L'intérêt est principalement stratégique et dissuasif."
Stratégique parce qu'il assoit son autorité en mode "Je suis là et j'ai des moyens". Dissuasif parce qu'en ces temps troublés, le roi assure un régiment permanent de gendarmes pour réprimer les vents de révolte. Tenant plus de la symbolique royale que du bâtiment militaire, le château de Courtrai doit quand même en imposer.
Les sources sur le château sont peu nombreuses et certaines images qui le représentent sont "glorieusement exagérées", selon Didier Joseph-François. Mais on sait que l'année 1339 sonne la fin de son édification. Et comme toute place fortifiée qui se respecte, le château de Courtrai a bien l'air menaçant.
Il borde le Rivage, l'ancien port de Lille sur la Basse Deûle et trône sur un terrain surélevé, bénéficiant d'une meilleure vision sur les campagnes et faubourgs alentours. Ses tours à moitié saillantes lancent leur regard inquisiteur sur la campagne au nord et sur l'enceinte au sud. Idem pour les deux portes, situées de part et d'autre du château. Question dimensions, il devait mesurer environ 150 m sur 190 pour un total de 2,85 ha intérieurs.
Entre ses murs, on trouve divers bâtiments d'usage pour la garnison et le bailli (représentant de l'autorité). Il y a des maisons individuelles, des ateliers de réparation, des dépendances... Les écuries abritent les chevaux et les granges stockent les vivres. On évoque aussi des hangars, une fontaine, un abreuvoir, des jardins et même des vignes. "L'axe principal du château était le tracé actuel de la rue de Gand", affirme Didier Joseph-François.
Le château de Courtrai a connu diverses modifications avec le temps, notamment des ajouts militaires, jusqu'à sa démolition.
A peine un siècle après la fin de sa construction, le bâtiment de Philippe Le Bel s'apprête à retourner à la poussière. Tout commence au XVe siècle, lorsque le duc de Bourgogne de l'époque (Philippe III de Bourgogne) obtient la suzeraineté du comté de Flandre. Et Lille en fait toujours partie. Motivé à l'idée de laisser son empreinte, le souverain compte ériger quelque chose de nouveau : le palais Rihour. "Il abandonne le château de Courtrai pour s'y consacrer pleinement", continue le spécialiste.
On peut voir cette décision comme une opération financière. Didier Joseph-François continue : "Il voit ce machin qui est vieux et qui ne sert pas à grand chose donc il le vend." Philippe III de Bourgogne cède le terrain à la ville qui décide de ne démolir le château qu'en 1577, sur la demande du magistrat de Lille. Pourquoi ? Il y a peu de sources fiables sur le sujet. Une des hypothèses veut que le château n'était plus réellement utile et que les Lillois·es n'en voulaient plus. Ce qui est sûr en revanche, la rue de Gand et son quartier vont naître sur ces ruines.
Aujourd'hui, il ne reste plus grand chose de la place forte si ce n'est quelques éléments de maçonnerie. Les fondations de certaines tours subsistent par-ci par-là. Mais l'absence de preuves tangibles et de témoignages d'époque tendent encore à faire du château de Courtrai ce qu'il est, et semble toujours avoir été : un château méconnu voire oublié.
Voilà les sources sur lesquelles on s'est appuyé pour écrire l'article :
Les illustrations sont tirées de Lille : la maison et la ville.
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article écrit
par Maxence Binot