Mois sans tabac : le tabagisme coûte cher et pas qu'aux fumeurs
Mathilde Dolinger,
4 min de lecture
09 nov. 2022,
La vie quot'
Mathilde Dolinger,
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09 nov. 2022,
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Souvent on pense que la seule personne qui perd de la thune en fumant c'est nous. Mais ce qu'on oublie, ce sont tous les coûts indirects que tous·tes les Français·es (et pas que les fumeur·ses) payent pour compenser les pertes engendrées par le tabagisme. On vous explique tout ça avec un professeur d'économie.
Commençons par un chiffre qui met les choses à plat. "Si le tabagisme n'existait pas en France pendant un an, la collectivité économiserait 120 milliards d'euros", indique Christian Ben Lakhdar, prof d'économie à l'Université de Lille. C'est fou hein ? Contrairement aux idées reçues, le tabac ne rapporte en fait, absolument rien à la collectivité. Au contraire, il fait perdre un sacré paquet de fric.
"Souvent les fumeur·ses ont l'impression d'être les vaches à lait du système fiscal français parce que le tabac est très taxé, explique le professeur d'économie. Sauf que quand on fait l'analyse, les 12 à 15 milliards d'euros rapportés par les taxes n'arrivent pas à compenser les coûts sanitaires et sociaux engendrés par le tabagisme."
Ces coûts sociaux ou coûts indirects, ce sont ceux qu'on ne voit pas tout de suite et qui ne touchent pas que les fumeur·ses, mais tous les individus de la société. Et l'achat du tabac en Belgique, qui est moitié moins cher qu'en France, n'arrange pas les choses.
"Il y a les coûts sanitaires qui sont liés à la morbidité et la mortalité attribuable au tabac, commence Christian Ben Lakhdar. Puisqu'en continuant de fumer, on continue à s'intoxiquer et on risque la maladie cardio-vasculaire et pulmonaire à plus ou moins long terme."
Et pour soigner les fumeur·ses actif·ves (et passif·ves), il va falloir piocher dans les dépenses publiques, pour les soins mais aussi le fonctionnement de l'hôpital. Donc dans vos poches puisqu'on a un système de protection sociale payé grâce aux cotisations sociales de chacun·e. "L'usager ne le voit pas mais c'est parce que le coût est supporté par l'ensemble de la collectivité, fumeurs et non-fumeurs", résume Christian.
"Ce sont des années de vie en bonne santé gaspillées à cause du tabac", déclare le prof d'éco. Mais ce n'est pas tout. Car ce coût en cache un autre : la douleur du fait de perdre un proche à cause du tabagisme. "Si vous tenez compte de la peine et de la douleur des proches, là, le coût explose, explique Christian. C'est fou mais avec 70 000 morts annuels évitables, si on valorise la vie humaine monétairement, on arrive à des proportions assez importantes."
On vous a déjà parlé de l'impact écologique du mégot dans un précédent article, mais ça vaut le coup de faire un piqûre de rappel : l'un des pires cauchemars de la planète, c'est le mégot A.K.A le premier déchet mondial. Il est ultra polluant et coûte donc très cher à la collectivité. "Les mégots viennent boucher les canalisations des municipalités et engendrent donc des travaux pour les déboucher et les nettoyer", donne en exemple le prof de fac lillois.
Tout ça, ce sont les principaux coûts liés au tabagisme. Mais il y en a d'autres : le coût des douanes, étant donné qu'on a du tabac de contrebande qui arrive en France et qu'il faut donc lutter contre ; les feux de forêt à cause des mégots jetés dans la nature ; les campagnes de prévention..."Un économiste avait calculé que si le prix du tabac devait inclure le coût social que la collectivité supporte, le prix du paquet avoisinerait les 20 à 30 euros", raconte l'enseignant-chercheur.
Donc, pour économiser son argent, le mieux c'est tout simplement d'arrêter de fumer. Ça tombe à pic puisque l’opération “Mois sans tabac” a démarré début novembre. Le défi est de ne pas fumer du tout pendant un mois (pour augmenter les chances d’arrêter définitivement). Vous pouvez être aidé·e et suivi·e par des spécialistes, avoir le soutien de gens qui arrêtent comme vous et recevoir un kit d’aide via les appli Android et iOS ou le site Tabac Info Service.
Article sponsorisé @ARS_Hauts_de_France
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article écrit
par Mathilde Dolinger