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Fou de coudre, l'atelier lillois solidaire qui veut créer une mode durable et désirable

Justine Pluchard 6 min de lecture
04 fév. 2023, C'est green

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En à peine cinq ans, l'Atelier Fou de Coudre est devenu une vraie entreprise sociale et solidaire. Il combat la surconsommation et le gaspillage vestimentaire en récupérant les invendus ou rebuts des marques. Aujourd'hui, en plus de ses bénévoles, il emploie 39 salarié·es qui upcylent, modelisent, cousent et (re)vendent. Fou de Coudre a même deux boutiques dans Lille, à Moulins et Grand-Palais.

On est en janvier, il fait un bon temps d'hiver mais ça chante "Sous le soleil des Tropiques" dans un des ateliers Fou de Coudre. "Alors ça s'ambiance ici ?" plaisante Nadjah Ouali en passant la tête par la porte. C'est elle la directrice de cette petite entreprise sociale et solidaire qui compte aujourd'hui 39 salarié·es, dont la moitié en réinsertion, et toujours un bon nombre de bénévoles.

La musique vient de l'équipe upcycling qui est en train de transformer les fins de série. Elles sont sept à bosser là-dessus aujourd'hui pour en faire des sacs. Il y en a trois autres dans la salle à côté qui sont en train de créer de nouvelles fringues à partir de vêtements déchirés, de rebuts ou de chutes. Une dizaine de l'autre côté du couloir travaillent à la chaîne pour confectionner des gigoteuses.

Chaque salle du premier étage de cette ancienne école du Faubourg de Béthune constitue un petit atelier à elle-seule. On y entend parler ukrainien, on y croise tous les âges et on y rencontre aussi quelques hommes. "Trois nouvelles recrues sont arrivées ce matin", ajoute Nadjah quand on repart vers son bureau. On s'y pose pour nous refaire la success story de cette asso qui a réussi en cinq ans à devenir un lieu de vie et de travail tout en gardant son mantra originel : lutter contre la surconsommation textile de manière sociale et durable.

L'atelier upcycling.

Tissu social

Quand Fou de Coudre nait en 2017, c'est juste une petite asso de couture de Lille-Sud montée par une de ses habitantes. Nadjah bosse alors dans les ressources humaines pour une grosse PME et vient d'accoucher de son petit dernier. Son but est de réunir des gens qui aiment coudre pour créer des accessoires zéro déchet, faire de la customisation de vêtements ou des retouches. "À l'époque, on n'appelait pas ça de l'upcycling, se souvient Nadjah. On était une quinzaine, essentiellement des femmes, des couturières de métier au chômage après la fermeture des grosses boîtes comme La Redoute ou les 3Suisses."

Elles viennent pour le plaisir de coudre, de se retrouver, recréer du lien social et sortir de chez elles. Nadjah obtient de la ville une salle à la Fabrique du Sud où une petite recyclerie se monte. "On a très vite cartonné, raconte la Lilloise. Surtout après le premier vestiaire solidaire organisé début 2018." Et Nadjah voit très vite le potentiel économique et social de Fou de Coudre.

Car dans son taf, elle est en contact avec des marques de vêtements et sait bien qu'elles ont toujours un stock d'invendus, de fins de série ou de rebuts dont elles ne savent que faire. Elle va aller les démarcher pour les récupérer. Soit pour les revendre une fois réparés, soit pour créer de nouvelles fringues via Fou de Coudre. "Là, on a été victimes de notre succès et on a franchi le cap de la couture de plaisir."

Après deux ans de bénévolat, Nadjah quitte son taf pour se consacrer entièrement à Fou de Coudre et chercher des fonds "à droite à gauche". Le premier contrat salarié de l'Atelier est créé : un poste de couturière en revalorisation textile que Nadjah offre à une bénévole. Et depuis, la logique reste la même : "Dès qu'on a un peu d'argent, on pérennise et on crée de nouveaux emplois", résume celle qui est désormais directrice.

Aujourd'hui, presque quarante personnes sont salariées chez Fou de Coudre, principalement des anciens bénévoles des débuts. La moitié sont en réinsertion professionnelle et la très grande majorité sont des femmes. Des contrats en couture mais aussi dans le modélisme, dans l'encadrement, dans les fonctions support et même la vente.

Deux boutiques lilloises

Oui en vente. Car il existe maintenant deux boutiques Fou de Coudre où on peut acheter en direct. La première a ouvert en 2019 grâce au second budget participatif de la ville. Basée à deux pas du métro Grand-Palais, elle est solidaire et permet aux adhérent·es de l'asso (1€ l'adhésion) de pouvoir acheter à petits prix des fringues neuves récoltées par Fou de Coudre (les fameuses fin de séries par exemple).

L'autre a ouvert en mars 2022, sur la place du métro Porte-d'Arras. Ici, on est sur de l'upcycling avec des vêtements de marque qui sont forcément passés entre les mains des couturier·es de l'Atelier. Ça va de 12€ à 60€ grand max pour un manteau par exemple. Et attention, on ne parle pas de friperie ici : tous les vêtements upcyclés sont neufs à la base, juste plus vendables selon les marques. Un atelier de retoucherie a d'ailleurs été associé à la boutique.

Boucle bouclée

On a du mal à imaginer le succès de Fou de Coudre s'arrêter là. La pandémie a mis un coup d'accélérateur avec une prise de conscience des gens. "On a toujours eu deux catégories de client·es : ceux qui n'ont pas les moyens et ceux qui veulent mieux consommer. Et les deux peuvent se combiner : le développement durable, ce n'est pas que pour les bobos", assène Nadjah.

Côté industrie textile, l'expertise de l'Atelier est désormais reconnue et demandée. Surtout depuis l'arrivée de la loi Agec qui interdit désormais la destruction des invendus non-alimentaires. Les marques sont maintenant obligées de trouver une solution pour liquider leurs stocks et Fou de Coudre devient alors la solution idéale pour les revaloriser. D'autres villes sollicitent d'ailleurs Nadjah pour venir déménager l'Atelier chez elles. "Mais on est ancrés ici, à Lille, dans ces quartiers populaires où on vit. Et on n'a pas envie de bouger", rétorque-t-elle.

Avec du recul, Nadjah se dit qu'elle favorise aussi "la relocalisation textile". Pour cette petite fille d'ouvrier du textile, la boucle est bien bouclée.

▶️ Boutique solidaire de Grand-Palais
📍12 Boulevard Docteur Calmette
🕐 ouverte le mercredi et vendredi de 10h à 17h

▶️ Boutique upcycling de Moulins
📍 205 rue d’Artois
🕐 ouverte le mardi et jeudi de midi à 18h

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par Justine Pluchard

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