Dans
notre rubrique Flashback, on a parlé de pas mal de meufs stylées qui font la fierté du coin : la première avocate du Nord
Olympe Démarez, la résistante
Louise Thuliez, la repousseuse de Hurlus
Jeanne Maillotte, la Mulan du Nord
Anne Delavaux, la comtesse
Jeanne de Flandres et on en passe.
Et bien aujourd'hui, on va vous raconter celle de Madeleine Caulier, une serveuse devenue soldate au début du 18e siècle. "U
n certain nombre de femmes dans l'Histoire se sont engagées dans l'armée en cachant leur sexe, contextualise Sarah Dumortier, enseignante-chercheuse à l'Université Catholique de Lille.
Le problème avec Madeleine Caulier, c'est qu'il n'y a pas d'archives qui le prouvent. Son histoire relève plus d'une légende, même si il y a des chances qu'elle ait existé."
Messagère volontaire
Légende ou non, son histoire vaut le détour. Née en 1680, Madeleine Caulier travaille en tant que serveuse dans l'auberge du Tournebride à Avelin. À ce moment-là, Lille est assiégée par les Anglais et les Autrichiens dans le cadre de la guerre de succession d'Espagne qui oppose plusieurs puissances européennes depuis 1701.
En 1708, Madeleine Caulier entend on ne sait comment que l'armée française cherche un messager pour transmettre des infos aux troupes lilloises. Il n'en faut pas plus à la serveuse pour se porter volontaire (par patriotisme ou parce qu'il faut bien payer son pain).
Une femme messagère ? Vous vous doutez qu'à cette époque, ça ne passe pas vraiment. "Mais c'est aussi possible qu'on lui ait demandé parce qu'une femme qui passe les lignes ennemies est plus simple, indique Sarah Dumortier. Mais se retrouver dans la Citadelle de Lille pour une femme, c'est quand même peu courant."
Jeu d'actrice validée
Selon les versions, Madeleine se serait donc habillée en homme ou non pour réaliser sa mission. Sur son chemin, elle fini par se faire arrêter par des soldats anglais qui lui demandent avec le vocabulaire de l'époque qu'est-ce qu'elle fout là. Madeleine lâche un gros bobard expliquant qu'elle doit aller voir son oncle (ou père) malade à Ronchin. Ça passe crème, la messagère est relâchée et arrive à transmettre les infos au maréchal Boufflers. "Là encore selon les versions, elle aurait transmis un papier écrit ou aurait appris par cœur le message", précise la chercheuse.
Elle est par la suite admise dans un régiment de dragons (la cavalerie de l'époque) et devient soldate, sans que personne ne sache qu'elle est une femme. "Certains disent qu'elle serait morte sur le champ de bataille de Malplaquet en 1709, mais c'est plus probable qu'elle soit morte sur celui de Denain en 1712."
Caulier de son prénom Madeleine
Depuis 1881, Fives est dotée d'une place qui porte son nom et prénom. Elle a aussi une station de métro sur la ligne 1 : Caulier. Mais pour la conseillère EELV Marianne Duvoux, il y a quelque chose qui cloche.
"
La seule station de métro à porter un nom de femme est invisibilisée ! Tout le monde connaît Caulier et personne ne connaît Madeleine, explique-t-elle dans
une pétition qu'elle a lancée le 11 janvier à l'intention de la MEL et de la Ville de Lille.
Nous voulons aujourd’hui réparer cette injustice et faire apparaître Madeleine aux yeux de tous et de toutes. Le geste est symboliquement fort, sa mise en œuvre à portée de main." Reste à savoir si sa parole va être entendue.