Pourquoi la Maison du Donut de Lille met la clé sous la porte ?

Si vous voulez manger de délicieux donuts artisanaux "à la française", c'est maintenant. La Maison du Donut baisse le rideau de ses deux boutiques, à Euralille ce vendredi 29 novembre, et dans la rue des Manneliers ce samedi 30 novembre.

Vous ne vous y attendiez pas ? C'est normal, Meng a pris la décision ce lundi 25 novembre. Une fin rapide et inattendue, quand on sait que le gérant-pâtissier semblait en pleine évolution : la boutique d'Euralille a ouvert début février 2024 et le gérant-pâtissier venait de remporter le titre de champion de France du donut. Que s'est-il passé ? Meng répond.

Pourquoi avoir choisi de fermer si vite ?

C'est un choix qui n'a pas forcément été que mon choix. C'était quelque chose qu'il fallait faire pour la société, pour mon bien et celui de mon équipe. Pour éviter d'être en banqueroute. Ce stop me coûte énormément, mais pour moi il était temps de tout arrêter pour peut-être refaire quelque chose sous une forme différente.

La Maison du Donut faisait face à des difficultés économiques ?

Des difficultés au niveau du recrutement, de la fréquentation qui a diminué, du prix des matières premières et de l'énergie qui a bondi avec l'inflation, liée à la guerre en Ukraine. Tout a augmenté : beurre, huile, sucre, œufs, chocolat... Je suis passé d'une marge de 6 à 3 points. Notre masse salariale a doublé et les charges sont devenues énormes, avec une diminution de la trésorerie. Le chiffre d'affaires a commencé à diminuer en 2023. 2024 n'a pas forcément était la meilleure période non plus. Avec le contexte politique et géopolitique, le pouvoir d'achat a diminué, les gens font plus attention.

Pourtant, tu as quand même choisi d'ouvrir ta deuxième boutique à Euralille en février...

C'était un défi. Je savais qu'il y avait des risques, mais il y avait aussi des opportunités. Il s'est avéré que c'était une grosse perte. Mais pour moi, la Maison du Donut avait et a toujours du potentiel. J'y crois encore. Mais c'est peut-être ma façon de faire et de voir les choses qui doivent évoluer. J'ai toujours voulu faire ce qui semblait être bien pour moi et je n'ai pas trop voulu m'adapter à ce que souhaitait la clientèle. Je pense que j'ai mal géré les choses. Et j'en assume l'entière responsabilité.

Est-ce que l'offre sucrée à Lille a joué aussi sur ton chiffre d'affaires ? 

Oui. On a beaucoup plus de salons de thé et de commerces qui se sont mis à développer une offre de goûter. Le nombre de boutiques de cookies a explosé. Il y a des magasins de donuts à l'américaine qui ont ouvert, et on a aussi un vrai univers du brunch maintenant à Lille. Et à côté de ça, on a des bons pâtissiers qui mériteraient de rayonner plus. Mais la Ville ne soutient pas du tout ses commerçants.

Quelle aide voulais-tu de la part de la Ville de Lille ?

J'ai essayé de les contacter mais je n'ai eu aucun retour. J'attendais une discussion pour redynamiser le centre-ville parce que je trouve personnellement, qu'il perd de son charme. Toutes les boutiques ferment, il y a bien une raison à ça. J'ai des clients de Roubaix et Tourcoing qui ne veulent plus venir à Lille parce que c'est impossible de circuler avec les travaux. En semaine, la ville est déserte. 

Est-ce une pause ou une fin définitive de la Maison du Donut ?

Je ne sais pas encore. Pour l'instant la Maison du Donut est finie. J'ai donné quasiment 6 ans de ma vie et 90h par semaine pour me verser un salaire de 1000€ par mois. Mais j'ai plein d'idées. Je ne sais juste pas encore si je vais les réaliser.