Martine Aubry a annoncé ce jeudi 6 mars 2025 son départ de la mairie de Lille. C'est Arnaud Deslandes, actuellement premier adjoint, qui devrait la remplacer jusqu'à la fin du mandat en 2026, en attendant les prochaines élections municipales. D'un stage à la Ville en 2005, au poste de maire, on vous en dit plus sur ce socialiste et fidèle de la première heure.
La succession de Martine Aubry, qui ne se présente officiellement pas aux prochaines élections municipales, était le secret le mieux gardé de Lille. Depuis l'annonce de sa candidature pour 2026, Roger Vicot n'était plus dans les petits papiers de la maire. Mais restaient Audrey Linkenheld, proche de Martine Aubry et sénatrice du Nord, et son premier adjoint, Arnaud Deslandes.
Ce jeudi 6 mars, à l'annonce de son départ Martine Aubry a invité le conseil municipal de Lille a élire maire Arnaud Deslandes. Il prendrait la place de celle qu'il surnomme "la patronne" à partir du 21 mars, à l'occasion d'un conseil municipal extraordinaire, comme Martine Aubry l'a annoncé lors de la conférence de presse organisée ce matin à la Gare Saint-Sauveur. "Arnaud connaît très bien la ville. Je souhaite qu'il soit élu maire."
Au cœur du pouvoir depuis 20 ans
Une succession légitime pour celui qui gravit les échelons depuis 2005. Car si Arnaud Deslandes est devenu une figure bien connue de la scène politique lilloise, sa rencontre avec Martine Aubry relève presque du hasard. En 2005, alors qu'il est à Sciences Po Lille, il envoie une candidature spontanée à la mairie de Lille pour un stage au sein du cabinet du maire. Cette expérience marquera le début de son engagement au service de la ville car c'est bien simple, il ne quittera plus jamais la municipalité. Il y occupe plusieurs postes : assistant en juillet 2006 avant de passer conseiller du maire en 2008 puis numéro 2 du cabinet en 2010-2011 et directeur de cabinet en septembre 2013.
Pendant sept ans il fait ses armes et tient un rôle clé dans les coulisses. "Je l'aide à prendre les bonnes décisions", glissait-il à nos confrères de La Voix du Nord en 2018. Ses compétences s'élargissent jusqu'en 2020 où il devient deuxième adjoint au maire chargé des Solidarités et cohésion des territoires (affaires sociales et CCAS, politique de la ville, centres sociaux et maisons de quartier) mais aussi du Commerce et de l'Artisanat et des politiques liées au développement soutenable de la ville. Une couverture très large des compétences de la ville qui le fait passer de deuxième à premier adjoint en 2023 quand Audrey Linkenheld, alors à cette place, est élue sénatrice du Nord.
"Il est d'une grande rigueur intellectuelle et morale. Je peux lui confier n'importe quel dossier, il va au fond des choses. Il est aussi attentif aux gens", confie Martine Aubry. Même Roger Vicot reconnaît qu'il a vu le futur maire par intérim "prendre de l'épaisseur et s'imposer naturellement". Arnaud Deslandes aura l'occasion de le prouver à partir de la fin du mois de mars, période à laquelle il reprendrait officiellement la gestion des affaires municipales, après le départ de l'actuelle maire, et son élection par le conseil municipal de Lille.
La justice sociale et la solidarité en toile de fond
Aucun doute qu'il s'alignera sur l'héritage politique construit depuis quatre mandats. « Je partage les valeurs de Martine : la justice sociale et la solidarité sont au cœur de notre action. » Il faut dire que le natif de Charleville-Mézières a baigné dans ces idéaux. « J’étais dans une famille avec une culture de gauche très affirmée et avec le sens du service public", racontait-il à L'Union. C'est avec cette approche qu'il a œuvré avec l'équipe municipale et les travailleur·ses sociaux dans l'ouverture, en novembre dernier, de la Maison des solidarités de Lille dans le cadre du Plan de lutte contre les exclusions.
Encarté au Mouvement des jeunes socialistes en 2002 (la défaite de Jospin et Jean-Marie Le Pen au second tour comme déclic), puis au Parti socialiste, Arnaud Deslandes se décrit "à la disposition du collectif". À 42 ans, il prendrait ainsi les rênes de la mairie de Lille pour assurer l'intérim jusqu'aux prochaines élections municipales de 2026. Lui qui ne se positionne pas encore comme candidat : "Faisons-le étape par étape, je ne suis pas encore maire déjà."
Dans le cas où il est élu maire par le conseil municipal extraordinaire du 21 mars, le poulain de Martine Aubry aura donc un peu moins d'un an pour asseoir sa légitimité face aux Lillois·es. "Je suis convaincue qu'en voyant Arnaud et son équipe à l'œuvre, les Lillois auront envie de l'élire maire", estime-t-elle.
"Prendre la suite de Martine incite à beaucoup d'humilité. Ce sera surtout une aventure collective et j'espère au-delà du mandat", a conclu Arnaud à la fin de la conférence de presse. Et ce ne sera pas une mince affaire après 24 ans de règne "aubrysien".
