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Il y a des histoires qui traversent les générations. Celle de la brasserie Angelus en fait partie. Depuis 1905, cette bière nordiste a su marquer son territoire avec son goût unique et son héritage familial. Aujourd’hui, alors qu’elle fête ses 120 ans, une nouvelle page s’écrit sous l’impulsion de Patrick et Rémy d’Aubreby. Retour sur une saga brassicole entre tradition et renouveau.
Si l'Angelus est aujourd'hui une bière emblématique du Nord, son histoire, elle, débute par un heureux accident en 1905. Ce jour-là, Auguste Maille, un agriculteur d'Annœullin, voit ses récoltes inondées par une pluie diluvienne. À sa grande surprise, la chaleur du mois d’août fait fermenter les céréales stockées dans son grenier, donnant naissance à un breuvage qui intrigue... et qui plaît.
L'histoire raconte qu'il se serait demandé "est-ce une bière brassée par les anges ?". Il n'en faut pas plus pour éveiller en lui une passion naissante pour le brassage. Un an plus tard, il fonde sa propre brasserie qu'il veut familiale.
Des générations de brasseurs au service du goût
De génération en génération, la brasserie Angelus traverse les décennies et même les guerres. C'est d'ailleurs la seule brasserie d’Annœullin à survivre aux deux conflits mondiaux, un exploit qui témoigne de sa solidité et de son ancrage local.
Mais c'est en 1989 que tout bascule. Bertrand Lepers, descendant par alliance d'Auguste Maille, tombe en admiration devant la peinture L’Angélus de Jean-François Millet lors d’une visite au Musée d’Orsay. Inspiré, il crée une nouvelle recette de bière blonde de spécialité à 7% d’alcool, à base d’orge et de blé, et lui donne le nom d'Angelus. Depuis, l'œuvre figure sur l'étiquette de la bière.
Le succès est immédiat : dès les années 90, la bière devient un incontournable des cafés et des tables du Nord. Il s’en écoule environ 4000 hectolitres chaque année. L’Angelus s’offre même une médaille d’or au prestigieux Concours Général Agricole en 2008 et réitère son tour de force l’année suivante.
Un nouveau départ sous le signe de la transmission
Le succès arrive avec des changements. Lorsque Bertrand Lepers passe la main à son fils Charles, ce dernier décide de quitter Annœulin pour La Chapelle-d’Armentières, la brasserie familiale centenaire devenant trop vétuste. La bière Angelus continue sur sa lancée jusqu’en 2018, bien que freinée par son bâtiment qui ne permet pas une production stable. Les difficultés s’installent, causant une disparition partielle de la marque.
C’est à ce moment-là que la famille d’Aubreby entre en scène. Patrick d’Aubreby, ancien directeur commercial des Brasseurs de Gayant et passionné de bière depuis toujours, entend parler du projet de transmission de la brasserie Angelus. Son lien avec la famille Lepers et son attachement à cette bière emblématique le poussent à reprendre le flambeau en 2019. « C’est au détour d’une discussion avec Charles et Bertrand Lepers que j’ai appris leur volonté de passer la main. Il m’a semblé évident que l’Angelus devait continuer d’exister », confie-t-il.
Mais Patrick ne se lance pas seul dans cette aventure. Son fils, Rémy, ingénieur brasseur formé à l’IFBM de Nancy, prend les rênes avec son ami et associé, Pierre Dessy. Une nouvelle génération aux commandes, prête à insuffler un second souffle à cette brasserie historique.
Avec cette passation, la brasserie Angelus renaît sans renier son ADN. « Pour moi, la bière est bien plus qu’une simple boisson. C’est un héritage et un savoir-faire. J’ai toujours privilégié les bières de spécialité, aux arômes complexes et au caractère affirmé », explique Patrick d’Aubreby.
Et cette philosophie se retrouve pleinement dans la nouvelle ère Angelus. En quelques années, la marque retrouve sa place dans le paysage brassicole et séduit à nouveau amateur·ices et néophytes. L’authenticité et l’esprit familial restent au cœur du projet, tout en s’adaptant aux attentes du marché actuel.
Et demain ? Avec 120 ans d’histoire derrière elle, la brasserie Angelus semble plus vivante que jamais. Mais que nous réserve l’avenir ? Nul doute que Rémy et son équipe auront à cœur de continuer à innover… et peut-être de nous surprendre très bientôt ?