Vous l’avez peut-être croisé ce mercredi dans les rues de Lille. Edmund Platt est ce Britannique qui parle protection de l’environnement à tout le monde, se plie tous les cinq mètres pour ramasser on ne sait trop quoi, et vous prie de ne pas jeter par terre, votre mégot. Nous aussi, il nous a intrigués, alors on a partagé une heure de sa journée.
Avec son sac et ses lunettes de soleil, Edmund Platt pourrait passer pour un touriste dans les rues de Lille. Sauf qu'il y a un truc qui cloche. Eddie, comme il se fait appeler, se déplace (en claquettes-chaussettes) dans les rues, interpelle les passants et monte sur les tables aux terrasses des cafés. Équipé de son T-shirt "
je ramasse un déchet par jour", il interroge à tire-larigot : «
Tu sais combien un mégot pollue de litres d'eau ?». Les passants s'arrêtent, se retournent. Eddie, originaire de Leeds, manie ce délicieux accent anglais qui vous transporte immédiatement de l'autre côté de La Manche. Les réponses fusent, mais ne touchent jamais le mille. D'un ton dramatique, il assène alors : «
500 litres ».
Son action est simple : sensibiliser les populations au ramassage de déchets.
« Il faut que les gens commencent à prendre soin de leur ville », nous lâche-t-il.
« Glorifier l'acte de ramasser des déchets ... c'est comme caresser la planète ». Son but ? Faire changer les mentalités sans être moralisateur. Avec son pote, le graffeur Freaksthefab, il dénonce cet état d'urgence «
il y a bientôt plus de plastique que de poissons dans la mer ». Tous deux trimbalent d’ailleurs une bouteille à demi remplie de mégots qu’ils ont passé l’après-midi à ramasser. «
Saviez-vous qu’un mégot prend sept ans pour se désagréger ? »
La prise de conscience d'Eddie commence il y a quelques années quand il ramasse une canette dans la rue et décide de poster la photo de son geste sur les réseaux sociaux. Recevant en retour des selfies de personnes ramassant des déchets. Il réalise que le message passe. S’enclenche alors un processus «
coologique» comme il dit.
Celui qui n’hésite pourtant pas à clamer que «
l’écologie c’est chiant» souhaite en finir avec les objectifs gouvernementaux de 2025, 2050 ou 2100 et invite chacun à agir dès maintenant à son niveau. «
Ramasser un déchet par jour » est même devenu sa devise.
« Ce que je fais, je le fais pour ta mère »
Et pour parvenir à ses fins, il n'hésite pas à utiliser des accroches trash et son humour british. Il ne s'en cache pas.
« Ce que je fais, je le fais pour ta mère » plaisante-t-il régulièrement, prenant les spectateurs de court. Avant de reprendre :
« Pour ta mer Méditerranée, ta mer du Nord et tous les océans ». Les passants prennent la tirade avec le sourire, ça doit être ça le charisme à l'anglaise.
À chaque magasin, il s'arrête et commence une grande allocution que les clients médusés suivent avec attention. Il s'indigne à chaque café du fait qu'il n'y ait pas de cendrier sur les tables des terrasses. Les serveurs ont souvent la même réponse. Laisser des cendriers sur les tables inciterait les clients à fumer. Alors, c'est interdit...
Durant trois mois, le Britannique compte faire 8000 km en auto-stop à travers la France pour faire passer son message. Sa règle des quatre C est son arme :
« Nous sommes tous Consommateurs et de fait tous Coupables et tous Concernés, mais nous sommes surtout tous Capable d'agir ». “L’escargot anglais”, comme il se surnomme, assure vivre des quinze euros par jour que lui fournissent ses sponsors (Carrefour et Patagonia). Avec un grand sourire, il dit préférer dépenser cette somme en bonne bière.
Dimanche à Berck et sur les réseaux sociaux
La suite du voyage ?
Dimanche, il sera à Berck pour nettoyer la plage, une opération «
apéro ramassage». «
Quand il y a de l'alcool ça attire toujours plus de monde », prophétise-t-il. Edmund Platt touche aujourd'hui plus de 14 000 personnes au travers des réseaux sociaux. Vous pouvez le retrouver sur
Facebook,
Twitter et
Instagram sur les pages 1 déchet par jour/ 1 piece of rubbish.