Le commissaire-enquêteur vient de rendre son rapport après la dernière enquête publique sur le projet de la friche Saint-Sauveur. Comme pour la première, l'avis final est favorable mais il y a encore une réserve : la piscine olympique.
La conclusion du commissaire enquêteur est à consulter juste ici pour ceux qui souhaiteraient ne rien manquer. Elle fait 40 pages donc on va simplement vous donner les points à retenir.
- Il y a eu beaucoup d'avis
Pendant deux semaines, entre le 22 février et le 8 mars, les Lillois étaient invités à s'informer et donner leur avis sur le controversé projet de la Friche Saint Sauveur. Bilan : une très grosse participation puisqu'il y a eu 1 100 contributions enregistrées (et c'est beaucoup). Plus de 60% étaient contre le projet et un peu plus de 24% étaient pour.
Dès le début du rapport, on sent bien que le commissaire-enquêteur ne remet pas en cause le projet dans sa globalité mais que ce complément d'enquête publique n'est pas un mal. Selon lui, il y a eu un manque d'informations au public sur la suite du projet depuis la dernière enquête. Surtout que les premières réserves émises n'ont pas été levées et que la MEL a voté l'intérêt général du projet moins d'un mois après la remise du premier rapport d'enquête.
Bref, le commissaire-enquêteur comprend que les maîtres d'ouvrage aient envie de commencer les travaux le plus vite possible mais les incitent "à ne pas « brûler les étapes », notamment au niveau de l’information en temps réel du public et de la mise en oeuvre des mesures compensatoires aux atteintes environnementales du projet".
- Mieux vaut un projet qu'une friche
"Il semble plus judicieux de construire sur une ancienne friche ferroviaire en ville que sur des terres agricoles en périphérie", note le commissaire enquêteur. Il ne dit pas que le projet de la ville est idyllique mais il présente selon lui plus d'avantages que d'inconvénients. D'où son avis favorable en conclusion.
- Piscine et pollution : les gros points noirs
Il y a tout de même une réserve et quelques recommandations. La pollution de l'air et la nouvelle piscine voulue par la MEL sont clairement les deux principales préoccupations des Lillois mais aussi du commissaire-enquêteur. Cette enquête publique devait d'ailleurs apporter de nouvelles infos et études sur le sujet.
Pour ce qui est de la pollution, ce n'est pas un scoop : Lille n'a pas la meilleure qualité de l'air du monde. Un nouveau quartier, aussi piétonnier soit-il, est un risque d'aggravation du phénomène. Pour le commissaire enquêteur le problème ne se résoudra pas en abandonnant le projet mais en agissant de manière beaucoup plus globale au niveau de la ville et de sa métropole. Il évoque par exemple la gratuité des transports en commun, plus de parking relais, un contournement de Lille en reliant l'A1 à l'A25 ou encore une nouvelle station de métro entre Grand Palais et Porte de Valenciennes.
Pour ce qui est de la piscine de la MEL sur le Belvédère, c'est toujours compliqué. OK, le projet n'est pas dénué d'intérêt selon le rapport, mais le commissaire enquêteur serait rassuré d'avoir l'avis de l’Agence régionale de santé ou d'un expert indépendant. Pourquoi ? Simplement pour "vérifier que la localisation projetée pour la réalisation de la piscine, compte-tenu de la qualité de l’air à cet endroit, est, pour les futurs utilisateurs, compatible avec les modifications physiologiques à l’effort lors des activités sportives".
Si faire du sport à cet endroit est plus nocif que bénéfique, ce serait quand même un comble. Autre point qui vaut une réserve à la piscine : son coût qui paraît un brin "exorbitant".
Tout ça est bien beau mais quid de la suite ? Car, en soi, l’avis du commissaire enquêteur n’est que consultatif et n'a aucune autorité sur les futures décisions liées au projet.
Pour la mairie et la MEL, l'avis favorable global du rapport est un bon point et la métropole doit de nouveau statuer sur l'intérêt général du projet Saint-So le 5 avril prochain.
La mairie a quant à elle "pris acte" des réserves et recommandations du rapport et s'engage a continuer d'informer les Lillois de l'avancée du projet. Elle devrait également engager "une expertise indépendante pour mesurer les effets sur la santé des pratiques sportives dans la piscine olympique à Saint-Sauveur" qui selon la mairie "viendra, nous l’espérons, conforter la place de cet équipement inédit dans son environnement et lever la dernière réserve pour continuer le projet". Elle espère pouvoir démarrer les premiers travaux du nouveau quartier cet automne.