Un nouveau règlement de publicité intercommunal doit être mis en place en 2020. Et ça inquiète la mairie de Lille qui a peur de voir débarquer des panneaux de publicité numériques sur les abribus d'Ilévia. On a tenté de vous décortiquer tout ça pour que vous compreniez mieux les enjeux.
Les panneaux publicitaires lumineux, c'est non pour la ville de Lille, et elle compte bien le faire savoir. La municipalité s'oppose au nouveau contrat publicitaire entre Ilévia, JC Decaux et Médiatransports, qui prévoit d'installer 160 nouveaux panneaux publicitaires dont des écrans numériques dans la métropole à compter d'avril 2020.
Nouveau règlement, nouveau contrat
En fait, jusqu'à maintenant, la ville faisait un peu ce qu'elle voulait sur son territoire en terme de règlement de publicité. Mais ça, c'était avant. Pour vous la faire simple, aujourd'hui, les communes ont un règlement de pub communal qui va devenir un règlement intercommunal, aka un RPLi, à partir de 2020. Chez nous, c'est la MEL qui va devoir trouver un accord qui s'appliquera aux 90 communes qui la composent. Et la pub, ça ne vous aura pas échappé, il y en pas mal dans le métro ou sur les abribus.
Du coup, en attendant ledit accord, qui sera voté au mois de décembre, Ilévia a déjà commencé à réfléchir au futur "contrat de régie publicitaire de ses espaces, qui a été attribué à JC Decaux-Médiatransports à compter d'avril 2020". Normal puisque dans le cadre du contrat qui lie à MEL à Keolis (la société mère d'Ilévia), c'est Ilévia qui est en charge de la gestion et de la commercialisation des espaces publicitaires, mais aussi de "l’entretien, la maintenance, le déplacement et la suppression des mobiliers et autres espaces publicitaires sur le réseau Ilévia (flancs de bus, abris voyageurs bus et tramway, stations de métro, mur d’image de la station Gare Lille Flandres)", explique la société de transport.
Ilévia chef de la pub sur son réseau
Ilévia peut donc choisir où installer ses panneaux publicitaires sur son réseau, et c'est bien ça qui inquiète la ville de Lille : "Le nouveau contrat publicitaire entre Ilévia et JC Decaux et Médiatransports, ça va représenter environ 80 panneaux publicitaires en plus dans la ville de Lille", explique Jacques Richir, l'adjoint à la mairie en charge du cadre de vie. Seulement voilà, ce choix publicitaire va à l'encontre de la politique de Lille, qui cherche à diminuer, depuis plusieurs années, la pollution visuelle. "Depuis sept ans, la ville de Lille a un règlement de publicité très restrictif. On a fait retirer des toits des immeubles très hauts les grandes enseignes lumineuses et on a supprimé environ 250 panneaux publicitaires", indique Jacques Richir.
"On ne peut pas interdire complètement les panneaux numériques, mais on peut veiller à ce qu'il y en ait un nombre raisonnable. Il n'y en a que deux en ville actuellement et il faut garder une position ferme, restrictive, mais pas de prohibition. On ne pourra pas être à zéro panneau", souligne l'élu.
De son côté, Ilévia, qu'on a contacté, rappelle juste qu' "après une procédure de mise en concurrence, le contrat de régie publicitaire a été délégué et attribué.Il prendra effet à compter du 1er avril 2020 pour une durée de 5 ans. Durant les prochains mois, le contenu et les applications de ce contrat vont être finalisés." Rien n'est donc encore acté.
La MEL "vigilante"
Pour la ville, les panneaux publicitaires sont "intrusifs, énergivores et c'est une vraie distraction pour les automobilistes". Surtout si, comme le craint Jacques Richir, Ilévia décidait de placer ces panneaux à des endroits stratégiques, avec beaucoup de passage. C'est ce point de vue que la ville devra défendre lors du conseil intercommunal de décembre.
La MEL quant à elle, explique qu'elle sera "bien évidemment vigilante à ce que le contrat respecte les règlements en vigueur, et notamment le futur RLPi qui sera soumis au vote du Conseil métropolitain en décembre prochain".
Si le RLPi n'est pas voté au prochain conseil métropolitain, ce sera la règle nationale qui s'appliquera dès le 1er juillet 2020. Autant vous dire qu'elle est beaucoup moins restrictive que ce que met en place la capitale des Flandres.
La suite en décembre donc.