En janvier, la requête de Sandrine Rousseau, ex-élue écologiste et vice-présidente à l'Université de Lille, a eu gain de cause au tribunal administratif. Ce dernier a reconnu que l'État n'en avait pas fait assez à Lille pour lutter contre la pollution de l'air. C'est une première, c'est important mais au-delà du symbole, qu'est ce que ça change pour les Lillois et leurs poumons ?
Ça a été "l'excellente nouvelle" du début d'année pour ceux qui se battent, ici dans la métropole lilloise, pour que de grands changements soient opérés pour améliorer la qualité de l'air. Les pics de pollution, les particules ultra-fines, les bouchons quotidiens sur la voie rapide... Tout ça conduit à des bilans bien flippants comme 1700 morts prématurées dans la métropole lilloise en 2018, à des rapports de chercheurs édifiants et à des pétitions lancées en ligne par des citoyens qui en ont ras le bol de tousser en ville.
C'est d'ailleurs parce qu'elle toussait pas mal que Sandrine Rousseau a attaqué l'État il y a trois ans. Elle avait surtout des sinusites chroniques que l'ex-élue écologique impute directement à l'air lillois qu'elle respire chaque jour. "J'avais lancé un appel et on était plusieurs, à l'époque, à avoir engagé des poursuites auprès du tribunal administratif, se souvient-elle. Mais trois ans, vous imaginez ce que ça représente en terme d'engagement de temps et d'argent pour payer les frais d'avocats ?" Surtout quand on sait ô combien il est encore difficile aujourd'hui de prouver clairement qu'il y a un lien entre son état de santé et la pollution atmosphérique.
Voilà pourquoi le tribunal administratif de Lille n'a pas reconnu ce dernier point en janvier lors de son jugement. En revanche, le fait qu'il engage la responsabilité de l'État sur la mauvaise qualité de l'air à Lille est, pour Sandrine Rousseau, une étape plus qu'importante.
Une première
"Ça veut dire que la prochaine fois qu'on attaquera l'État comme je l'ai fait, il pourrait y avoir condamnation, explique-t-elle. C'est une petite victoire qui a son importance. Cette décision de justice est une première à Lille* et ce que je souhaite, c'est qu'au delà des amendes que l'État serait susceptible de devoir payer lors de prochains procès, il y ait une réelle mobilisation des élus dans cette lutte."
Sandrine Rousseau parle ici de ceux de l'État et bien entendu de ceux de la MEL et de la mairie. À quelques semaines des municipales, elle espère que la décision rendue par le tribunal administratif de Lille pèsera dans la balance électorale.
Juste pour rappel, Lille est l'une des agglomérations les plus polluées de France en terme de particules ultra-fines. En décembre 2019, le Réseau Action Climat, Greenpeace France et UNICEF France ont publié un rapport qui classe les douze plus grandes agglomérations de France en fonction de leurs actions contre la pollution de l’air, notamment liée aux transports. Spoiler : la métropole lilloise ne fait pas partie du podium.
*D'autres procès du même genre ont déjà eu lieu à Paris et Lyon.