Peut-être avez-vous suivi cette histoire : lundi, les cent-cinquante membres de la convention citoyenne pour le climat ont remis 149 propositions à Emmanuel Macron à l'Elysée. Parmi eux, Lambert Allaerd, Lillois de 29 ans. Sa participation aux travaux de la convention a légèrement changé sa vie.
Imaginez. C'est l'été 2019, vous êtes tranquille, chez vous, à penser à ce que vous allez faire à manger pour le soir quand vous recevez un texto vous annonçant que vous avez été tiré au sort pour participer à une convention citoyenne pour le climat. "
Au début j'ai cru que c'était une blague", se souvient Lambert. Il se penche tout de même sur le sujet, et se pose la question. "
On nous demandait de nous mobiliser sept week-ends, c'était un sacré engagement." L'environnement est une cause qui l'intéresse un peu, il se dit que l'expérience peut être intéressante.
Et le voila au Palais d'Iena, à Paris, siège du Conseil économique, social et environnemental début octobre, à recevoir une formation sur l'urgence climatique. "
Au début, il y avait quelques climato-sceptiques. Mais on a tous pris une grosse claque quand on nous a expliqué à quel point c'était urgent. Quand on nous regarde dans les yeux et qu'on nous dit qu'on peut agir là maintenant, la prise de conscience, elle vient plus vite." Lambert et 149 autres français planchent donc tout l'hiver et le printemps sur des propositions concrètes pour engager un vrai changement économique et social en faveur de l'environnement. Les propositions sont ensuite remises à Emmanuel Macron, qui les retient toutes sauf trois (taxation de 4% des dividendes, révision de l'article 1 de la Constitution et limitation de la vitesse à 110km/h sur l'autoroute), avec consigne de les soumettre au Parlement ou à référendum d'ici septembre.
"Tendu de chez tendu"
Le truc, c'est que ce lundi, Lambert a été parmi les six citoyens qui sont allés rencontrer le président pour lui remettre les propositions. "On va pas se mentir, j'étais tendu de chez tendu. Mais c'était une grande fierté de lui remettre tout le travail qu'on a accompli." Voilà, c'est pas la fin de l'histoire, mais pas loin. En tout cas celle de la convention citoyenne. "Le président a dit qu'on allait pouvoir co-construire les lois qui en découlent avec les parlementaires. Je suis disponible pour ça."
En attendant, il n'a pas chômé. "Avec le groupe, on avait travaillé sur la manière de mieux connaître l'impact environnemental des produits qu'on achète", raconte Lambert. A cette occasion, le fondateur de Karbon, une appli qui permet de scanner les produits pour en connaître l'empreinte sur l'environnement, est consulté. Une application qui est en fait incubée... à Euratech, ça ne s'invente pas. "Je bossais juste au dessus, j'étais chef de projet web."
Lambert a du coup décidé de s'associer. Karbon, actuellement disponible sur les stores mais encore en phase de test, permet, grâce à plusieurs bases de données, de vérifier l'empreinte environnementale de plus d'un million de produits. Il suffit de scanner le code barre pour savoir s'il a fallu consommer beaucoup de ressources pour le produire et l'acheminer. Empreinte carbone, déforestation, produit ultra transformé, méthode de pêche... "L'idée, c'est de faire réfléchir." Dans la lignée de la convention, quoi.