C'est la suite logique des élections municipales qui ont eu lieu le 28 juin. Ce jeudi, le conseil communautaire va se réunir en assemblée plénière et élire son président pour les six prochaines années. Deux candidats possibles : l'actuel président Damien Castelain, et le maire de Mons-en-Barœul, Rudy Elegeest.
Si vous le voulez bien, avant de rentrer dans le vif du sujet, on peut déjà vous expliquer comment les institutions de la Métropole Européenne fonctionnent. Ça vous aidera certainement à comprendre l'importance de l'élection qui aura lieu ce jeudi. La MEL regroupe
95 communes de l'agglomération lilloise. L'instance, un établissement public de coopération intercommunale, est dirigée par un président et son bureau de vices-présidents. Les conseillers communautaires composent l'assemblée. En gros, ça donne ça :
- Un bureau composé d'un président, de 19 vices-présidents, 9 présidents de commissions thématiques, 16 conseillers délégués.
- Un conseil métropolitain composé de 184 élus, tous issus des conseils municipaux de leurs villes ou villages. Le nombre de siège est proportionnel à la taille de la commune. Les plus petites en ont un, les plus grosses, 33. Le conseil vote les propositions faites par le bureau. Voilà.
Pour vous donner un ordre d'idée, la MEL est compétente sur tout un tas de sujets qui concernent tout le monde :
transports, déchets, énergie, nature, économie, espace public et voirie, urbanisme, eau, assainissement, sport... En terme d'habitants, on n'est pas sur de l'agglo de seconde zone : avec un peu plus d'
un million d'habitants, c'est la quatrième agglo de France après Paris, Lyon et Marseille, la deuxième en terme de densité de population.
L'élection de ce jeudi
Ce sont les 184 élus métropolitains qui vont juger du bulletin de vote. L'élection va voir s'opposer deux briscards de la politique : Damien Castelain, maire de Péronne-en-Mélantois depuis 1998, président de la MEL et à la tête d'un groupe de 69 élus indépendants au conseil communautaire. Et Rudy Elegeest, maire de Mons-en-Barœul depuis 2001, non affilié à un parti, à la tête d'un groupe de cinq élus à la MEL. Le truc, c'est que Damien Castelain se traîne quelques casseroles qui donnent un peu de suspense à cette élection. Même s'il reste ultra-favori, le fait qu'il soit cité dans deux affaires judiciaires refroidit certains élus. Il y a l'affaire du Grand-Stade, pour commencer. La société Eiffage aurait été favorisée lors de l'appel d'offre pour le marché public du stade de Villeneuve-d'Ascq, et Damien Castelain est suspecté d'y avoir pris part. Le parquet de Lille a requis le renvoi de l'affaire pour recel d'abus de confiance. Le juge d'instruction doit se prononcer d'ici la fin du mois de juillet sur cette affaire.
Et puis il y a l'histoire des notes de frais du bureau de la présidence de la MEL. Là, Damien Castelain avait carrément été placé en garde à vue en juillet 2019, soupçonné de détournement de fonds publics. Hammam, séjours à Paris, restaurants, vêtements... Le président candidat à sa succession est suspecté d'avoir détourné dans les 20 000 euros. Le fait qu'il ait intégralement rendu cette somme à la MEL n'empêche pas le parquet de Lille d'envisager des poursuites et un renvoi en correctionnel.
Tout cela n'aura refroidi ni Martine Aubry, maire de Lille, ni Bernard Gérard, maire de Marcq-en-Barœul, de lui accorder leur soutien officiel (et de poids) face à Rudy Elegeest. Le maire de Mons y croit encore, et vous savez ce qu'on dit : tant que le scrutin n'est pas clos, rien n'est joué d'avance.
Le conseil communautaire aura lieu ce jeudi à partir de 10 heures. Tout le monde pourra y assister grâce à un live sur le site de la MEL.