"La nuit n'existe plus à Lille." L'annonce de la fermeture à 22 heures, pour au moins 15 jours, est vue comme une "ineptie" pour Martine Aubry et vécue comme un nouveau coup de massue pour les gérant.e.s de bars lillois. A travers leur collectif, créé pendant le confinement, ces dernier.e.s ont lancé un appel au rassemblement de la profession mardi prochain à 22h30, sur la Grand-Place.
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Ce n'est pas une manif' mais bien un rassemblement pacifique", précise d'emblée Guillaume. Le patron du Privilège est un taulier de la rue Royale et de la nuit lilloise. Depuis le début de semaine, il se fait en quelque sorte le porte-voix pour l'ensemble de sa profession "
qui est à l'agonie". "I
l faut qu'on se fasse entendre, nous, le monde la nuit : fermer à 22 heures, c'est juste n'importe quoi. Je vais tenir une semaine comme ça pour liquider ce que j'ai de frais mais ensuite, autant fermer carrément."
Mesure incompréhensible
Guillaume ne voit pas d'autre issue pour le moment. Depuis le 2 juin, il a grosso modo perdu 50% de son chiffre d'affaires, sans toucher aucune aide hormis le chômage partiel, et tourne avec une équipe bien réduite. "
Là, ça signifie encore une perte d'argent mais je vais surtout devoir à nouveau congédier un vigile, un serveur et deux DJs. On va juste vers une casse sociale sans précédent dans le secteur."
Forcément, quand il entend qu'à Marseille, la maire est vent debout contre les mesures gouvernementales, il espère que celle de Lille fera de même. Lors de sa conf' de rentrée qui s'est tenue ce vendredi aprem, Martine Aubry a bien montré son incompréhension face à cette restriction qui apparaît pour elle comme une "
ineptie". "
Je ne comprends pas cette mesure. Autant les fermer carrément, ils ne pourront pas survivre bien longtemps en servant deux-trois sodas en début de soirée."
Entendez-bien : Martine Aubry ne veut pas la fermeture de tous les bars à Lille. Mais de certains, oui. Pour elle, une partie des bars, contrairement aux restaurants selon elle, n'ont clairement pas respecté les consignes sanitaires. "
C'est simple, la police municipale a dressé 490 PV depuis le déconfinement et on a envoyé 54 dossiers pour des fermetures administratives à la préfecture. Et on ne parle pas de quelques masques baissés pour ces cas-là. Mais seules cinq procédures ont abouti."
Plus de sanctions individuelles, moins de restrictions globales
Pour résumer, la maire demande
plus de sanctions contre ceux qui ne respectent pas les mesures "pour laisser vivre les autres" et éviter la punition collective vécue aujourd'hui. Ne pensez pas pour autant voir débarquer la maire de Lille au rassemblement de mardi. "
Je comprends parfaitement leur colère, je suis contre cette fermeture à 22 heures aussi. Mais ils ne peuvent malheureusement pas dire que tous les bars sont irréprochables à Lille."
Guillaume le reconnaît sans problème. "
Certains ont clairement fait de la merde. Mais c'est quoi ? 10% d'entre nous ? On est plus de 800 bars à Lille et perso j'ai déjà eu plus de 38 contrôles de police depuis le déconfinement." Lui, qui a également un restaurant rue des Bouchers, estime que la mairie fait en effet beaucoup pour aider le monde de la restauration. "
Mais les bars, on a parfois l'impression d'être ceux à abattre. Et même en faisant ultra attention, en allant même chercher les clients à la porte pour les placer, à les fliquer, on arrive à se prendre des mises en demeure. C'est simple, la nuit lilloise n'existe plus..."
Concernant une éventuelle prochaine fermeture totale à l'image de Marseille, Martine Aubry martèle : "
Ça n'aurait aucun sens à Lille de faire fermer les restaurants et la majorité des bars lillois."
On vous file ici la page du collectif des bars de Lille et l'event Facebook créé pour le rassemblement de ce mardi 29 septembre, à 22h30.