Si vous avez un smartphone, il reçoit ses données via un réseau de quatrième génération, dit 4G, qui a succédé à la 3G. Logiquement, la 5G doit se déployer bientôt en France. Sauf que l'upgrade s'accompagne de doutes sur son utilité et son caractère nocif pour la santé. C'est là dessus que le conseil municipal lillois s'est basé pour voter un moratoire contre la 5G, vendredi dernier.
Le réseau 5G, c'est la promesse de la disparition définitive du lag. Un réseau sans interruption, puissant, rapide, toussa toussa. La marche logique du progrès, direz-vous. Sauf qu'on vous fera dire que déjà, si vous voulez en profiter, il vous faudra acheter un téléphone portable dernière génération et compatible 5G. Et puis toutes les installations en matière d'antennes relais doivent être changées. C'est un peu le même délire que le déploiement de la fibre : ça prend du temps et de l'argent. Pour la petite histoire, à propos de l'opposition à la 5G, Emmanuel Macron avait déclaré qu'il n'était "pas pour le modèle Amish", sous entendant que les opposants étaient rétrogrades et contre la marche du progrès.
Le truc, c'est que tout un tas d'assos et de collectivités s'inquiètent très sérieusement du bien-fondé de cette évolution, pour trois raisons. La première est sanitaire : les ondes électromagnétiques utilisées seront à terme de l'intensité de celles des scanners corporels ou les portiques d'aéroports (26GHz, contre 3,5 GHz ). Puissantes, donc. Et sur les effets possibles sur la santé, les données manquent cruellement pour le moment, ce qui pose problème pour prendre une décision de manière éclairée. La seconde est environnementale : est-ce que des flux numériques plus rapides ne vont pas augmenter fortement la consommation d'électricité ? La dernière est sécuritaire : la 5G semble plus vulnérable aux piratages de données que ses prédécesseurs qui s'appuyaient sur un réseau de télécommunication physique.
Pour ces raisons et pour d'autres, la ville de Lille a voté vendredi dernier un moratoire contre le déploiement de la 5G sur son territoire. Comprenez que l'installation du réseau est gelée jusqu'à ce qu'une décision soit prise. La ville annonce dans un communiqué que ce blocage durera "jusqu’à la publication du rapport attendu de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) en 2021". D'ici là, pas moyen pour les opérateurs qui ont, fin septembre, obtenu le go du gouvernement de démarrer les travaux, de s'approcher de Lille. Il ne sera pas possible non plus de faire des tests sur les antennes. Tout est arrêté pour au moins quelques mois.
La ville engage également la Métropole Européenne de Lille à prendre la même de décision pour les quatre-vingt quatorze autres communes de son territoire et préconise un débat citoyen organisé d'ici la fin de l'année pour savoir ce que ses habitants en pensent. " Le déploiement de la 5G n’a pour nous de sens que s’il sert en priorité l’exercice de missions d’intérêt général (santé, éducation, meilleur accès à des services publics et privés essentiels…) avant les intérêts privés d’acteurs industriels et tertiaires nationaux ou internationaux", assure le communiqué.
Rendez-vous en 2021 pour savoir si la 5G pourra être déployée à Lille.