C'était il y a deux ans, très exactement. La chaine Al Jazeera publiait sur YouTube un documentaire en deux parties sur la montée de l'extrémisme en Europe au travers du prisme du bar identitaire La Citadelle, à Lille. Le reportage en caméra cachée y montrait de la violence, des menaces d'attentat et du racisme à l'état brut. Trois hommes viennent d'être condamnés.
Voilà le contexte : Louis, journaliste pour Al Jazeera, infiltre en 2018 le groupe de fidèles du bar lillois La Citadelle, créé en 2016 par Aurélien Verhassel, alors membre de Génération Identitaire, groupuscule politique qui prône la "remigration". Le reporter filme, pendant six mois, les fidèles du bar, sympathise avec eux, rapporte des propos d'élus alors membres du Front National. Même s'il date, le documentaire en deux parties est édifiant et bien glaçant. On ne peut que vous conseiller de le regarder. Bref.
Lors d'une soirée à Massena, Louis et sa caméra cachée sont témoins de l'agression d'une jeune fille par Rémi F., adhérent de la Citadelle, en présence de plusieurs "amis". Quelques jours plus tard, ce Rémi se vante ouvertement de son fait d'arme (il portait des gants renforcés). C'est également lui qui confesse ses fantasmes d'attentat suicide au marché de Wazemmes. Après la parution du reportage, Martine Aubry et le préfet Michel Lallande avaient vivement réagi, condamnant les agissements des adhérents du bar et demandant au procureur de la République de se saisir du dossier. Chose que ledit procureur s'est empressé de faire. Trois hommes ont été jugés coupables pour des agissements répréhensibles par la loi.
Le jugement a donc été rendu ce mardi et a été rapporté par La Voix du Nord. C'est sans surprise que Rémi F. est condamné, pour les coups portés sur la jeune mineure de Massena, ses "Seig Heil" et son envie de massacre à Wazemmes, à 8 mois de prison avec sursis probatoire (la nouvelle version du sursis avec mise à l'épreuve). Moins régulier dans sa fréquentation du bar, son compère Etienne V. en prend pour autant tandis qu'un troisième, Guillaume D., est condamné à trois mois de prison avec sursis. Pour leur défense, les prévenus avaient invoqué l'alcool pour expliquer leurs propos et leurs agissements.