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Profession : mineurs urbains à Roubaix

Justine Pluchard 4 min de lecture
17 déc. 2020, C'est green

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On connaissait les mineurs de fond, mais, on avoue, pas encore les mineurs urbains. Derrière ce nouveau métier se cachent surtout des missions en économie circulaire. Comme celle de Thibault et Victor, qui ont été engagés à la mairie de Roubaix pour une mission de trois ans pour créer des synergies en ville et transformer les déchets en gisement de valeur.

Toute notre histoire de mineurs urbains débute en 2019, quand Roubaix, fer de lance dans le zéro déchet dans le coin, se lance un nouveau défi en rejoignant le projet européen "Upcycle Your Waste". Le but de la ville est de développer l'écologie industrielle sur son territoire. Traduction : faire en sorte que les PME et TPE roubaisiennes produisent moins de déchets. Et même mieux que ça : faire en sorte de valoriser leurs déchets.

Voilà, vous avez le terrain de jeu de Thibault, 26 ans, et Victor, 27 ans, pour trois ans. Leurs deux postes ont été créés par la ville, la région, l'Ademe et Interreg pour justement aller identifier les gisements de déchets et les transformer en gisement de matière secondaire. "On va creuser pour donner de la valeur à des choses qui devraient être incinérées ou enfouies, voilà pourquoi on parle d'urban mining en anglais", explique Thibault.

Design + ingénierie

Alors non, Thibault et Victor n'ont pas fait d'études de "minage urbain". Le premier, dont le grand-père a un temps bossé dans le textile roubaisien, a terminé ses études de design industriel l'année dernière. "Je me posais déjà beaucoup de questions sur l'impact de ce qu'on créait et je cherchais donc un taf dans l'éco-construction et/ou l'économie circulaire." Il tombe sur l'offre de la mairie de Roubaix et décroche cette toute nouvelle mission.

De son côté, Victor est originaire de Valenciennes et est ingénieur généraliste de formation. Après avoir travaillé plusieurs années chez Decath', il a voulu trouver une nouvelle expérience et a donc rejoint Thibault comme chargé de mission en économie circulaire (l'autre nom de mineur urbain en somme). "Notre mission va s'effectuer en plusieurs phases : là on est dans la première où on a un listing d'entreprises à aller voir pour expliquer la démarche et, en un sens 'vendre' notre projet."

En visitant les TPE et PME, le duo veut voir les déchets dont ces dernières ne savent pas quoi faire et qui ne sont pas forcément recyclables. "Ça peut être des chutes de découpes qui ne forment pas une assez grosse quantité pour intéresser qui que ce soit et qui finissent par être jetées : ça fait facilement des milliers d'euros de pertes et ça va coûter de plus en plus cher de les faire incinérer ou enfouir avec toutes les nouvelles lois qui vont arriver", détaille Victor.

Leur but avec Thibault, c'est donc de répertorier ces déchets et de mettre en place dans un premier temps des synergies entre les boites. Une entreprise qui a plein de chutes de mousse, par exemple, pourrait aller la filer à une autre, sur le même territoire, qui en aurait besoin pour faire du rembourrage dans ses colis. "C'est un exemple tout bête mais c'est le principe. Et puis après, il y a aussi la seconde phase..."

Matière première secondaire

Celle-là débutera courant 2021 et consistera tout simplement à lancer des appels à projets pour créer de nouvelles utilités à ces matières, encore nobles, dénichées dans les poubelles des entreprises roubaisiennes. "On a une enveloppe pour ça avec l'objectif de trouver une nouvelle utilité aux déchets qu'on aura dénichés et caractérisés." Vous voyez le concept de la Vie est Belt ? Et bien voilà, vous voyez le genre de projet que Thibault et Victor voudraient voir naître. Tout en restant au max local "puisque parfois ce qui coûte le plus cher dans le traitement des déchets, c'est le transport."

Pour l'instant, le duo en est encore en train d'appeler les 150 boites roubaisiennes de son fameux listing. Ça va prendre encore plusieurs mois mais on reviendra dès que leur appel à projets sur leurs déchets à valoriser sera lancé l'année prochaine.

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par Justine Pluchard

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