Depuis 2008, les sœurs Clarisses ont déserté leur couvent de l'Epeule, à Roubaix. Ce lieu historique et protégé est de nouveau habité depuis un peu plus d'un an par l'asso roubaisienne Zerm. Elle le réhabilite petit à petit avant de le redonner à la ville de Roubaix. L'objectif à terme de cette dernière : en faire la Maison de l'Economie Circulaire et du Zéro Déchet.
Les jeunes qui jouent au foot sur le terrain qui jouxte le couvent peuvent enfin récupérer leur ballon quand il tombe de l'autre côté du grand mur de briques. Il leur suffit d'aller toquer à la porte du couvent pour qu'un.e membre de l'asso Zerm aille le chercher dans le jardin. Jardin où il y a de nouveau des poules, mais aussi des bacs à compost et une balancelle-soutien pour un arbre mal en point.
Mais repartons un poil en arrière, au XIXe siècle. On est en 1857 précisément et dans la nuit du 23 décembre, un important incendie se déclenche dans une usine à gaz de Roubaix. Autant vous dire que ça craint car tout pourrait simplement exploser. Son proprio, Henri-Philippe Desclée, ne sait plus quoi espérer à part un miracle et promet de faire construire un couvent pour religieuses si on lui épargne ce malheur. En quelques heures, le feu parvient à être maîtrisé et aucune explosion n'est à déplorer.
Promesse tenue
Chose promise, chose construite : dix ans plus tard, les fils du proprio Desclée achètent des terrains dans un quartier populaire comme le voulait leur père et entame la construction du couvent à l'Epeule. Comme leur propre sœur est religieuse en Belgique, ils font appel à son ordre religieux, les Clarisses, pour venir occuper les lieux. La mairie de Roubaix profite aussi de la construction pour demander à ce qu'on y accole une école.
Du coup, le couvent est un brin ambivalent :
- puisque totalement fermé pour les Clarisses qui sont "contemplatives" et ne voient donc quasi nobody
- puisque ouvert sur le quartier car c'est tout bonnement l'école
Ce qui veut dire aussi que même après le départ des Clarisses en 2008, pas mal de gens de l'Epeule, qu'ils soient cathos ou pas, restent extrêmement attaché à ce lieu. Certain.e.s pour y avoir des souvenirs d'enfance par exemple...
Nouveaux voisins
C'est la ville qui est aujourd'hui la proprio. "On a eu beaucoup d'idées pour redonner vie à cet endroit. Mais faire d'un cloître un lieu ouvert n'est pas forcément facile", explique l'adjoint roubaisien Alexandre Garcin, en charge entre autres de la transition écologique. Mais en 2019, la ville décide de lancer un appel à projet car elle a dans l'idée de faire du couvent sa future maison de l'économie circulaire et du zéro déchet.
Son choix se porte alors sur Zerm, une asso roubaisienne née en 2015 d'un groupe de potes architectes qui ont fait du réemploi leur cheval de bataille. Sous l'impulsion de l'asso Yes We Camp, ils décident de carrément habiter sur place le temps des trois ans de transition. "Ça nous permet d'être en veille permanente, de prendre soin de ce bâtiment de manière affective tout se positionnant comme voisin", explique Margot de Zerm qui loge donc elle aussi sur place.
Réactivation écolo
Depuis leur arrivée en décembre 2019, ils se sont aménagés des bureaux, une petite cuisine, un atelier et des toilettes. "Le but c'est de réactiver le bâtiment mais avec des aménagements modulables et du matériel de réemploi, détaille Margot. Et on vit bien sûr de manière frugale et écologique."
La preuve la plus flagrante est la partie "auberge de jeunesse" où douze lits géniaux et surtout ingénieux ont été construits dans les anciennes chambres des sœurs. Des lits à baldaquins s'il vous plait, mais pas là que pour la déco : vous avez une couche de moustiquaires, une autre de tentures en lin, et une dernière composée d'une grosse bâche. Ces couches permettent simplement d'autochauffer son spot de nuit, avec sa propre chaleur du corps. Autant vous dire que la facture EDF est tout sauf salée.
Coming soon
Pour l'instant, seuls les huit membres de Zerm qui logent sur place et quelques partenaires y dorment. Mais l'objectif est bien évidemment d'ouvrir ça aux gens quand le contexte sanitaire sera plus clément. En attendant, Zerm continue de "reactiver" les lieux comme il le dit si bien.
Leur Saison Zéro s'est d'ailleurs lancée cette année et le couvent a rouvert ses portes cet été du côté de l'ancienne cour d'école avec buvette, animations et même une expo POC Lille Design.
Si vous voulez plus d'infos sur cette fameuse saison zéro : contact@saisonszero.fr