Incubé depuis cet automne à EuraTech', un jeune Lillois amoureux d'innovation et de nature a combiné ses deux passions pour créer Dunia, une appli connectée à votre compte bancaire pour calculer votre empreinte carbone selon ce que vous consommez. Et qui vous file surtout plein de tips pour la réduire.
C'est pour répondre à un besoin qu'il a lui même rencontré dans sa vie perso que Julien, un Lillois de 29 ans, a créé son propre coach écologique il y a quelques mois depuis l'incubateur d'EuraTech. "Je suis passionné de nature depuis toujours et j'essaye de faire attention à mon empreinte carbone, explique-t-il. Début 2019, je suis tombé sur un calculateur d'empreinte assez cool en quinze questions. J'ai trouvé ça super intéressant mais à la fin, j'ai finalement eu deux manques : je n'ai pas forcément eu de pistes concrètes pour m'améliorer et, surtout, je ne pouvais pas voir l'évolution de mes efforts."
En gros, Julien avait besoin d'un outil simple et, surtout, personnalisable. Comme il ne le trouvait pas, il a tout simplement décidé de le créer. Depuis sa sortie de l'IESEG il y a quelques années, il a déjà engrangé pas mal d'expérience dans la data science mais aussi l'intrapreneuriat (le fait d'entreprendre au sein de son entreprise). "J'ai adoré ces années mais c'était le moment de me lancer dans l'entrepreneuriat."
Il quitte officiellement sa boîte à l'été 2020 pour filer directement chez EuraTech à la rentrée. Avec deux développeurs freelance, il crée en quelques semaines la première version de son appli Dunia ("Terre" en swahili). "On l'a vite lancée en béta-test pour récupérer le max de feedbacks et la rendre encore plus simple, pratique et efficace. Je l'ai même fait tester à ma grand-mère de 81 ans", confie tout sourire Julien.
Open banking en mode écolo
Alors comment ça marche concrètement, ce coach écologique de poche ? Et bien une fois que vous l'avez téléchargée (sur iOS ou Androïd), il faut connecter Dunia à... votre compte bancaire. Perso, on aime pas trop beaucoup ça. Du coup, on a posé tout un tas de questions sur ce principe à Julien qui a l'air bien gentil, OK, mais pas forcément au point de lui filer notre RIB.
Déjà, il nous a appris que depuis 2018, la directive sur les paiements n°2 (DSP2 pour les intimes) était entrée en vigueur et qu'elle amenait avec elle l'ouverture du marché de la banque (ultra fermé jusqu'alors) à de nouveaux acteurs en donnant accès aux informations sur les comptes. Via des canaux de communication sécurisés of course.
"C'est de l'open banking en fait et j'ai déjà pas mal bossé sur la portabilité des données dans mon ancien job. Et même si c'est pour éviter les monopoles et que ça va dans l'air du temps, c'est clair que ça reste un vrai enjeu de confiance", détaille l'entrepreneur. Pour Dunia, tout passe donc par Bankin, agréée ACPR - Banque de France, pour être béton niveau sécurité.
On a besoin d'enregistrer sa carte bancaire sur l'appli justement pour laisser Dunia calculer notre empreinte carbone du mois selon ce qu'on consomme. "Le but, c'est de la mesurer pour ensuite apprendre à la réduire. Peu importe d'où vous partez, c'est surtout la progression qui est importante."
La jauge est personnelle et vous pouvez la comparer sur la durée et à celle de la moyenne d'un.e Français.e par exemple. Et pour chaque opération catégorisée, vous pouvez retrouver tout un descriptif (avec beaucoup de sourcing) et des tips pour réduire l'empreinte carbone de cet achat à l'avenir.
L'appli aurait déjà mille téléchargements à son actif depuis son lancement officiel au début du mois. Elle est, on le rappelle, totalement gratuite pour l'utilisateur.rice. Et là, c'est le moment où vous voyez un loup : si l'appli' est gratuite, comment Julien rentabilise Dunia ? La première solution à laquelle on penserait serait de revendre les données personnelles collectées. "On s'engage à ne jamais le faire, tout simplement parce que j'applique ce que je voudrais pour moi, répond Julien quand on lui pose la question. Je suis certain qu'on peut trouver un autre business model que la revente de données."
Le sien reste encore à faire ses preuves, l'entrepreneur le concède : il consiste à faire de Dunia une vitrine pour montrer aux banques l'intérêt qu'elles auraient à avoir un tel outil dans leur propre application. "On ne leur vendrait pas l'appli Dunia mais sa méthodologie. Pas de revente de données puisque ce serait pour leurs propres client.e.s." Julien aurait d'ailleurs déjà des contacts avec quelques banques intéressées.