La Brigade du Respect, le collectif lillois qui graffe les trottoirs contre le harcèlement de rue
Justine Pluchard,
3 min de lecture
20 mai 2021,
Dans la rue
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Impossible de passer à côté des messages de la Brigade du Respect sur les trottoirs du centre de Lille. Depuis 2019, ce collectif de femmes graffe sur des rues passantes des punchlines pour dénoncer le harcèlement de rue. On a participé à une des sessions du printemps.
Le rendez-vous est donné à 8h30 un samedi matin du côté du parc Lebas. On entend déjà quelques rires émaner du petit groupe constitué pour la session du jour. Il y a celles qui composent le "noyau dur" qui sont déjà en train de planifier le parcours jusqu'à la Citadelle. Et puis celles qui se présentent parce que c'est leur baptême du feu. "On ne veut pas devenir un gros collectif mais on fait en sorte d'intégrer une à deux nouvelles recrues à chaque session", explique Camille (c'est un nom d'emprunt), qui est à l'origine de la Brigade.
Si aujourd'hui, la Brigade est un collectif, l'idée d'inscrire des message d'empouvoirment sur les trottoirs de Lille vient d'elle et de son voyage à Montréal en 2018. "Là-bas, c'est assez dingue mais le harcèlement de rue est quasi inexistant. Expérimenter cette sensation d'être en sécurité seule dans la rue, à n'importe quelle heure, c'est tellement précieux", raconte-t-elle. Elle y découvre aussi une ville riche en street-art avec des trottoirs où des petits poèmes sont bombés à l'aide de pochoirs.
Punchlines au sol
En rentrant à Lille début 2019, elle réexpérimente malheureusement le harcèlement de rue et décide de frapper un petit coup pour la journée des droits des femmes du 8 mars. "Je me suis renseignée à droite à gauche pour savoir comment fabriquer des pochoirs, quelle bombe utiliser... Et puis avec une pote, on s'est lancées avec nos six premiers pochoirs du côté de Solfé-Masséna et de la rue des Postes."
Camille crée dans la foulée le compte Insta du collectif qui s'appellera donc "La Brigade du Respect". Un compte pour toucher d'autres Lilloises qui voudraient participer aux futures sessions mais aussi à la création de nouvelles punchlines, toujours plus inclusives.
Quand une session s'organise, le but est d'aller vers un quartier de la ville où il y a du passage et des terrasses. Chacune des participantes de la session mise sur la cagnotte pour acheter le matériel et termine chez l'une des membres pour nettoyer les pochoirs à la fin. Le groupe se scinde en deux pour plus d'efficacité mais aussi de sécurité : "On n'a jamais eu vraiment de problème mais on ne sait jamais". La Brigade fait bien attention de ne pas graffer sur les pavés ou sur les murs, juste les trottoirs. "On se briefe avant et on n'a pas envie de se faire nettoyer ou de détériorer alors on fait attention."
Lors de la dernière session qu'on a suivie, on a vu deux personnes venir aborder la Brigade : une habitante du boulevard qui a juste lancé un "Merci !" depuis sa porte et une jeune femme qui est venue papoter quelques minutes. "On a encore peu de retours en réalité, donc ça fait plaisir à chaque fois qu'on en reçoit que ce soit parce que ça a interpellé ou touché. Il ne faut surtout pas que les gens hésitent à venir parler via notre compte Insta", appuie Camille. Si vous avez des idées de punchlines, elles sont aussi les bienvenues. Et qui sait, vous les retrouverez peut-être un jour au détour d'une rue.