Pendant deux ans, Rosanna s'est blotti.e dans l'ombre des phrases poétiques d'Urban.ra
Lucie Delorme,
2 min de lecture
30 août 2021,
Culturons-nous
Lucie Delorme,
2 min de lecture
30 août 2021,
Culturons-nous
Vous les avez forcément croisées, ces petites phrases courtes, poétiques, parfois énigmatiques, peintes au pochoir sur les murs de la ville. Signées : Urban.ra, nom mystérieux et asexué, qui ne laisse rien voir de la personne qui se cache derrière. On a finalement pu rencontrer l'artiste.
Iel a le sourire timide, l'œil hésitant. "Je suis trop stressé·e", confie Rosanna dans un rire discret. C'est que pour la première fois depuis deux ans, ce·tte Lillois·e parle en son nom, à visage découvert, dans un café de Rihour, de ses nuits en tant qu'Urban.ra, le.la poète des rues de Lille. "J'aimerai que ce soit dit : je me considère comme non-binaire", démarre-t-iel.
Détail vite passé pour aller à ce qui nous intéresse. "Je suis né·e à Besançon, mais j'ai grandi à Arras. Ça fait cinq ou six ans que je vis à Lille." Iel vient de finir une licence d'histoire de l'art, en parallèle d'une formation aux arts plastiques. "Je pars faire un master à Montpellier." C'est qu'iel se voit bien devenir conservateur·rice.
C'est aussi ce qui lui délie la langue et lui permet de se présenter, après deux ans de partage anonyme de ses pensées sur les murs de Lille. "J'ai fait de l'art toute ma vie. J'ai essayé pas mal de choses." Lorsqu'iel vivait à Arras, Rosanna se concentrait sur des mediums classiques. "Il n'y avait pas beaucoup de street-art. Je n'y avais pas pensé avant d'arriver à Lille." Puis vient son installation dans la capitale des Flandres. "Je pense que c'est très intéressant de sortir l'art des musées, ça donne toujours quelque chose de nouveau."
"À force de voir tout le temps du street-art, ça a commencé à me travailler. Je pensais que je ne le ferai qu'une fois." Son premier pochoir, c'est l'inscription "Tu mens.ra", qu'on peut encore trouver dans la ville. "Ça me tenait à cœur, je voulais le faire. Ça s'est passé entre 2 heures et 5 heures du matin, avec Antoine, mon meilleur ami." Iel en garde un souvenir paisible. "Il n'y avait aucune adrénaline sur le moment, c'était assez calme, il n'y avait personne. C'était un sentiment trop cool."
Rosanna y prend goût et distille, dans les mois qui suivent, ses fragments de pensées dans toute la ville. "Je pense que j'ai dû faire une trentaine de phrases, en tout." Des extraits de textes plus longs qu'iel couche sur papier, chez iel. "J'écris tout ce qui me vient à l'esprit, c'est comme un exercice."
Avec son départ à Montpellier, Rosanna voulait se présenter aux Lillois·es, en personne. "Je ne voulais pas partir sans le faire." Là bas, elle n'a pas l'intention d'arrêter. "Je pense que je le ferai plus au grand jour. Mais il faut que je m'y habitue." Après deux ans à partager son art sous le couvert d'Urban.ra, il va falloir apprendre à créer en tant que Rosanna.
Pour suivre son travail, direction Instagram.
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article écrit
par Lucie Delorme