Eesah Yasuke, la rappeuse roubaisienne qui monte
Louis Dubar,
5 min de lecture
17 sept. 2021,
Night Night
Louis Dubar,
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17 sept. 2021,
Night Night
Originaire du quartier des Trois-Ponts, la rappeuse roubaisienne Eesah Yasuke connaît une année 2021 placée sous le signe de la réussite. Elle vient de sortir son premier EP intitulé Cadavre Exquis et est actuellement finaliste du concours 'Rappeuses en liberté'. On l'a rencontré pour papoter et mieux la connaître.
Le 21 juin 2021, à l'annonce des dix finalistes du concours Rappeuses en Liberté, Eesah ne s'attendait pas vraiment à figurer dans cette première short list du jury. "Je dois avoir une étoile qui me protège", explique la roubaisienne. Cet évènement entièrement dédié aux rappeuses et qui apporte un accompagnement financier et artistique à la gagnante est une opportunité en or.
Au tout départ, c'est plutôt dans le sport qu'Eesah, Isaiah de son vrai prénom, s'illustre par ses talents. Elle rêve de devenir sportive professionnelle. "J'ai été repérée par des éducateurs et normalement je devais rejoindre une classe de sport-étude pour faire de l'athlétisme, du sprint, mais bon il en a été décidé autrement", raconte t-elle. Placée en foyer à l'âge de 14 ans, Isaiah voit ce projet s'arrêter brusquement.
C'est dans l'écriture qu'elle se refugie alors : ses premiers poèmes sont une catharsis pour elle, "un exutoire (...), ça a planté des graines pour la suite." Ses proches l'encouragent à poursuivre dans cette voie et à affiner sa plume : "Ils m'ont toujours dit que j'avais quelque chose."
Le déclic vient en 2018, lors d'une soirée d'été à la Citadelle. Revenue de ses études de socio à Toulouse, la jeune roubaisienne est de retour chez elle pour devenir éducatrice spécialisée. Ce soir là, elle rejoint un peu par hasard un groupe de musiciens posé dans l'herbe grattant quelques notes à la guitare. Isaiah pose ses premiers textes, les gens autour sont rapidement conquis par sa performance improvisée. Après ça, elle abandonne son taf et ne lâchera plus le rap.
Elle choisit comme nom de scène, Yasuke, en référence à un esclave africain devenu en plein Japon féodal du XVIème, le samouraï noir d'Oda Nobunaga, un puissant daimyo. "Cette histoire est extrêmement puissante et m'a beaucoup touchée, du coup j'ai souhaité honorer ce destin exceptionnel en empruntant son nom", explique t-elle. L'autre partie de son nom, Eesah, fait directement référence à son prénom Isaiah : simple, classique.
"Je crois que j’ai trouvé l’inspi, j’vais rimer ce que je vis, exprimer ce que je trime."
Cadavre Exquis
Sa musique est à l'image de ses influences artistiques : variée(s) et ouverte(s). Les premiers sons qui l'animent, "c'est de la musique africaine de la Ndombolo, le coupé-décalé ivoirien ou encore de la rumba congolaise". À l'adolescence, "je trainais avec des métalleux et des rockeurs, du coup je m'y suis forcément mise". Rage Against the Machine, Linkin Park viennent progressivement squatter aussi ses playlists.
Le rap est arrivé bien plus tard. Parmi ses influences dans le rap game francophone, on compte : Disiz, Isha, Frenetik et Nekfeu.
En 2019, elle se lance déjà dans la production de son EP qui s'est déroulée sans trop d'encombre pour un premier projet artistique. Même si les débuts ont été un peu difficiles : "Je n'avais pas forcément toutes les compétences techniques. J'ai un peu galéré avec le matériel de prod", avoue t-elle.
La rappeuse a fait plusieurs rencontres qui l'ont aidé pour mener à bien ce projet comme Chief Waxy un beatmaker lillois rencontré sur Insta. "On se complète très bien, c'est très facile d'échanger artistiquement, tout passe par des échanges simples", explique Eesah. L'ingé son de formation a d'ailleurs signé la majorité de la prod de l'EP. Vous vous souvenez des zicos de la Citadelle de 2018 ? Ils ont eux aussi participé à la prod de l'un des titres : Hennessy. La boucle est bouclée.
Sorti le 18 juin sur toutes les plateformes de streaming, l'EP a bénéficié d'un accueil dithyrambique de la part de la critique et du public.
Pourquoi Cadavre Exquis comme nom d'EP d'ailleurs ? En référence à ce jeu artistique et collectif (inventé par les surréalistes) qui consiste à compléter un dessin ou une chanson par plusieurs personnes. "J'ai souhaité me réapproprier le terme. J'ai l'impression d'avoir vécu dix vies et que j'assemble dans mes textes les bribes de cette vie morcelée", explique t-elle.
Son succès, elle a encore du mal à s'y faire. En juillet, elle se rend à Bordeaux pour donner un concert au sein de son label, Banzaï Lab. "Je voyais le public chanter mes paroles, ça m'a surpris, en rigole Eesah. Cet EP, Cadavre Exquis est très personnel et j'ai du mal à me rendre compte que ma vie peut intéresser les gens. Je parle de mon vécu, de la période du foyer", confie t-elle.
Même Youssoupha a validé l'artiste de la métropole lilloise et ça, ça fait chaud au cœur. "On échange par message sur différentes thématiques. J'espère qu'on pourra se rencontrer pour en discuter", confie-t-elle.
L'album, c'est la prochaine étape logique de son parcours, mais ce ne sera pas pour tout de suite. Pour le moment, "je travaille sur un projet intermédiaire et notamment sur un feat avec Sako". L'artiste vient également de terminer le tournage d'un nouveau clip au Palais des Beaux Arts, reprenant un son de l'EP. La parution de la vidéo devrait sortir avant la fin du mois de septembre prévient-elle.
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article écrit
par Louis Dubar