Comment donner envie aux gens de participer au débat public ? Comment les intéresser à la politique, celle qui fait les lois, pas celle des polémiques ? Thomas Pittau, parisien de son état, a peut-être trouvé un moyen : il organise des jeux de rôle où vous êtes élu.e à l'Assemblée. Le prochain round lillois a lieu samedi.
Thomas s'est un jour trouvé face à une question : dans une société où la démocratie est une vieille amie, comment faire en sorte qu'elle reste vivante, mouvante, inclusive ? "Je voyais que les gens votaient, parfois pas, qu'ils se désintéressaient de la vie politique. Je trouve que la démocratie est un bien commun, et qu'il faut redonner envie aux gens d'y participer." Ce Parisien d'origine strasbourgeoise crée alors Deb'acteur, une coopérative qui organise des jeux de rôle où les participant·e·s entrent dans le costume d'un·e député·e pour débattre d'un thème choisi.
"Le jeu de rôle, c'est ludique, ça permet de vulgariser la politique. C'est toujours bienveillant." Au départ, il organise ces simulations d'Assemblée Nationale en visio. "On a tout de suite eu des retours positifs." Les participant·e·s se marrent, apprennent des choses, s'ouvrent les chakras... Le principe même d'un débat. Depuis quelques semaines, des sessions en présentiel ont été organisées à Lille (en août), Strasbourg et Paris. C'est donc une deuxième édition qui va se tenir ce samedi aux Sales Mômes, quai de l'Ouest, près d'EuraTech'.
Concrètement, les gens, lorsqu'iels arrivent, se voient assigner à un groupe politique. "Ça dépend du nombre de personnes, mais on peut en avoir jusqu'à quatre : socialiste, libéral, conservateur et écologique." Les participant·e·s n'ont pas le choix dans le parti, iels doivent faire l'effort de se mettre dans la peau d'un·e député·e pas en accord avec leur couleur politique. "Je fais une première introduction du débat", explique Thomas. Chaque fois, un thème est imposé à l'assemblée. "Ce samedi, ce sera la droite qui soutiendra un projet de loi de revenu universel. L'idée est de supprimer toutes les aides sociales pour les remplacer par un revenu de 650 donné à tout le monde."
Plénière, amendement, et fous rires
Les différents partis auront une heure pour décider s'ils décident de voter pour ou contre. "Un·e porte parole exprime en assemblée plénière la position de son parti, et on procède à un premier vote, où la proposition de loi est invariablement refusée." Là commence la seconde phase de jeu : la discussion entre les partis pour tomber d'accord, trouver des points d'accroche, aller vers un consensus. "Dans le dernier temps, les partis déposent des amendements au projet de loi." Et l'assemblée plénière passe au vote final. "Le but, c'est, comme de trouver la sortie dans un escape game, que le projet de loi soit voté."
N'allez pas croire que les participant·e·s se prennent au sérieux. "On rit beaucoup, c'est très léger", assure Thomas, qui assure le rôle de président de séance, et qui, grâce à de bons talents en théâtre d'improvisation, mène à bien les débats et les votes. "Le jeu dure un peu moins de trois heures." Et ça passe très vite. Pour cette session de samedi aux Sales Mômes, il reste des places. La participation est libre. "Par souci d'accessibilité, je n'ai pas voulu mettre un prix de départ. Les gens mettent ce qu'ils veulent."