Une femme qui se transforme en arbre, abîmée par les assauts de l'homme (le sien) contre la nature, une histoire d'amour entre elle et une jeune femme, une forêt qui chante le pouvoir de la nature... La nouvelle création de l'Opéra de Lille, Like Flesh, est une ode moderne à la préservation urgente de l'environnement.
"Une création, c'est toujours un événement particulier", reconnait Caroline Sonrier, patronne de l'Opéra de Lille. Et cette création-là risque de rester dans les mémoires. Like flesh est un opéra moderne par bien des aspects : il a fallu trois femmes pour le mettre en mouvement. Cordelia Lynn a sorti de sa tête le livret, l'histoire. Sivan Eldar l'a mis en musique. Silvia Costa l'a mis en scène. Depuis 2018, elles ont travaillé à la création de cette œuvre moderne et écologiste qui fera sa première le 21 janvier à l'Opéra de Lille.
Cordelia Lynn s'est inspirée des Métamorphoses d'Ovide pour écrire une fable pour trois personnages : un Forestier dont le métier est de couper des arbres, sa femme qui souhaite (et va) se transformer en arbre, et une étudiante qu'ils hébergent. "Avec Sivan, raconte Cordelia Lynn, on parlait de ce projet depuis longtemps. On souhaitait créer une nouvelle histoire autour des Métamorphoses, plus moderne. Sivan faisait remarquer que l'histoire se termine toujours juste après la métamorphose. Mais on peut faire quelque chose de très subversif si on continue l'histoire." Librettiste et compositrice se mettent au travail et imaginent donc l'après.
On ne va pas tout vous spoiler de l'histoire. Mais par le biais des chœurs qui interprètent la forêt toute entière, grâce à l'histoire d'amour entre la femme-arbre et l'étudiante, au dialogue entre le Forestier et les deux femmes, un discours puissant prend forme : "Cordelia a écrit sur l'environnement et l'amour, résume Sivan Eldar. Les gens peuvent détruire les deux."
Entrelacement de la nature
Pour accompagner ce texte, Sivan Eldar a travaillé avec "deux orchestres" : l'orchestre classique, celui qui sera dans la fosse, et la musique électronique et l'intelligence artificielle (pour des projections vidéo), qu'elle affectionne particulièrement. "C'est un autre espace de la musique, comme si on descendait dans un autre monde. Les sons sont plus intimes, presque magiques." À Lille, pour les cinq représentations prévues (21, 23, 25, 27 et 28 janvier), c'est l'ensemble Le Balcon, dirigé par Maxime Pascal, qui dialoguera avec des enceintes placées partout dans la salle. "Ça nous fera sortir de notre enveloppe humaine et aller au milieu de l'entrelacement de la nature, confirme le Maxime Pascal. En plus de l'orchestre, on entendra tous les bruits de la forêt, la sève, les insectes, les craquements..."
On n'a pas pu s'empêcher de demander si Like flesh, en plus de porter haut des revendications écologistes, n'en profitait pas aussi pour être résolument féministe. "Féministe, oui, et peut être aussi queer, confirme Cordelia Lynn. Ce qui est important pour moi, c'est l'esthétique. Il y a une histoire féministe, mais il y a aussi beaucoup d'ambiguïtés : le Forestier a beaucoup de vulnérabilités, c'est rare de voir ça." Et Sivan Eldar ajoute : "On ne cherche par vraiment à être féministes, en fait. On raconte juste notre expérience. C'était important de montrer une histoire d'amour entre deux femmes, mais juste parce que c'est la vie. C'est aussi une histoire entre une femme plus âgée et une femme plus jeune. Ça peut sembler radical, mais pas à nos yeux. C'est comme ça, c'est tout."
On résume : Like flesh sera donné les 21, 23, 25, 27 et 28 janvier à l'Opéra de Lille. Toutes les représentations sont à 20 heures à l'exception de celle du dimanche 23 janvier, qui sera à 16 heures. Pour la billetterie, c'est par là que ça se passe. Et l'Opéra habite place du Théâtre, à Lille.
Article sponsorisé @Opéra de Lille