C'est un projet qui va faire couler pas mal d'encre ces prochains mois, voire prochaines années. Les nouveaux concessionnaires de l'aéroport de Lille-Lesquin ont pour ambition de l'agrandir et de le moderniser. Sauf que ce n'est pas du goût de tout le monde, surtout pas des riverain·es et de certains élus des villes concernées. Alors que le préfet de région a signé une autorisation environnementale cet été, une asso de riverain·es vient de déposer un recours.
Pour vous la faire courte : depuis 2020, c'est le groupe de travaux publics Eiffage et son partenaire l’aéroport Marseille-Provence qui ont la concession de service public de l’aéroport lillois… pour 20 ans. Dès le départ ils ont annoncé leur intention de moderniser le site. Mais surtout de doubler la surface de l’aérogare pour accueillir près de 4 millions de passager·es d'ici 2039.
Les chiffres étaient alors avec eux : en 2019, l'aéroport lillois a fait voler 2,2 millions de personnes, bien plus que ce qu'il est censé faire et les prévisions étaient à la hausse. Pour le SMALIM (Syndicat Mixte des Aérodromes de Lille-Lesquin et de Merville, propriété de la Région et de la MEL), l'agrandissement était donc alors nécessaire.
Depuis, le projet a forcément pris du retard avec la pandémie mais il a aussi rencontré dès le départ de multiples oppositions, surtout de la part des riverain·es de l'aéroport. Iels se sont rapidement regroupé·es en collectifs car iels craignent les nuisances sonores liées aux futurs travaux et celles du trafic aérien plus important.
Ces mêmes collectifs ont demandé un couvre-feu du trafic pour justement contenir les nuisances la nuit. Une mesure on ne peut plus contraignante pour les compagnies aériennes.
De son côté, le président de la MEL a annoncé cette semaine que, même si "la MEL avait rendu un avis favorable au projet de modernisation de l’aéroport qui représente une ouverture sur l’Europe et le Monde", ce n'était pas "sans condition" : "elle demande notamment que l’exploitation de nuit soit encadrée." Il a d'ailleurs prononcé ces mots lors d'une rencontre avec le ministre des transports , Clément Beaune, qui s'est à nouveau engagé à la mise en place d’une étude d’impact.
Une étude dont n'aurait pas besoin le ministre pour prendre un arrêté de restriction d’exploitation selon le collectif des Survolés (qui regroupe des assos et groupes d'habitant·es) interrogé par La Voix du Nord. Ce dernier demande donc plus de clarté sur le couvre-feu.
Les habitant·es ne sont pas les seul·es à s'opposer à l'extension de l'aéroport : il y a plusieurs mois, les maires de Faches-Thumesnil et Lesquin ont refusé de signer les permis de construire. Un geste surtout symbolique car il peut être annulé par le tribunal administratif.
Le début de la vraie bataille juridique vient en fait de démarrer : cet été, le préfet de région a signé l’autorisation environnementale du projet, une grosse étape dans sa réalisation.
Mais les opposant·es avaient quatre mois pour déposer un recours devant le tribunal administratif. Ce que vient de faire l’association "Non à l’agrandissement de l’aéroport de Lille" (NADA) ce dimanche, d'après les infos de La Voix du Nord.
Toujours selon le quotidien, elle a également déposé un référé demandant la suspension de travaux de forage sur l'aéroport et compte attaquer tous les permis de construire. Ce n'est donc que le début.